vendredi 12 février 2010

DUCK, CHAD! (2005)

House of Chadula # 2005C

One of These Things First (Nick Drake) / Grey (EC/Lizzie Chadbourne) / Veterans’ Day Poppy (Captain Beefheart) / Plastic Factory (Captain beefheart) / If I Were King of The Forest (Harburg/Allen) / Cheney’s Hunting Duck (EC) / Lyndy (EC) / Pursuance (John Coltrane) / Legend of Bebop (Ornette Coleman) / Rattler (traditional) / Old Piano (EC) / Lady Day and John Coltrane ( Gil Scott Heron/Brian Jackson) / Ruins of Our Own (EC) / Sleeping Through Concerts (EC) / Encore (EC/Han Bennink).

EC : guitars, 12 string, electric guitar, banjo, vocals
Shroeder : drums
Brian Jackson : piano, flute
Han Bennink : drums
Frank Pahl : pump organ, automated zither
Joel Peterson : bass
Doctor Dark Band (Bill Saunders, Joe Nolan, Travis Moody, Peter Brunelli, Steve Chillemi)

“And even more new cds ! » . Le rythme des productions House of Chadula ne décélère pas, et Eugene concocte ici une nouvelle compilation pleine de surprises.
Les deux premiers titres produits dans les conditions favorables du studio bénéficient d’un mixage impeccable et profitent d’une ambiance de session chaleureuse et détendue. Idéal pour une reprise magnifique de Nick Drake, fidèle à la douceur mélancolique de son auteur, et chantée avec la plus grande justesse… Une fine amertume également à l’œuvre dans le titre écrit avec sa fille Lizzie (« Grey »), ou le doublage des voix et des guitares, associé au subtiles percussions de Shroeder, laisse entendre la musique de Chadbourne sous un nouveau jour, presque champêtre.
Le duo avec Brian Jackson (également flûtiste, connu pour son association avec Gil Scott-Heron) est une des très rares publications de travail exclusif avec un pianiste (l’album avec Casey Sokol date de 1979 ! plus récemment the Foxbourne chronicles avec Dave Fox). Une formule qui retient donc particulièrement l’attention avec des morceaux variés mais inégaux. Pour exemple la version de « Lady Day and John Coltrane » de Scott-Heron, à cause d’un chant on ne peut plus bâclé, reste bien en deçà de celle figurant dans Young and Innocent Days.
C’est avec plaisir qu’on retrouve le fidèle Frank Pahl (ancien leader d’Only a Mother) qui participe discrètement à l’orgue au trio avec Joel Peterson (?) pour une version apaisée de «Ruins of Our Own » et une curieuse chanson inédite Sleeping Through Concerts !
L’album comporte par ailleurs plusieurs nouveaux titres en solo d’excellente facture, dont le très en verve et dylanien « Cheney’s Hunting Duck » et sa partie de guitare nerveuse à souhait. Autre regard incisif sur l’actualité avec « Lindy » (ironiquement calqué sur l’air candide de Wendy dans Blotter) qui se réfère à Lindy England, la tristement célèbre soldate américaine de l’affaire des sévices de la prison d’Abu Grahib. Une face sombre heureusement éclipsée par l’évocation de grands héros ; d’abord dans une reprise flamboyante de Coltrane ou les possibilités multiphoniques du banjo s’épanouissent dans un jeu vertigineux qui approche les sommets du saxophoniste ; ensuite avec Han Bennink dans une impro virtuose résolument plus bebop qu’harmolodique, sur une composition d’Ornette Coleman. L’univers de Dan Van Vliet est quand à lui revisité en compagnie du groupe Doctor Dark, dont le fond de commerce se base sur l’imitation à la lettre de Beefheart. Une démarche stérile voire inutile, pour un résultat pathétique (jusqu’au ridicule clonage physique du chanteur) présentant une version poussive et frelatée de la folie originelle du Magic Band, qui ne pourra séduire que ceux qui ne connaissent pas l’original. Si l’on excepte cette faute de goût ainsi que le recto immonde de la pochette, Duck, Chad ! est parfaitement réjouissant. Le titre est un clin d'oeil au Duck Stab des Residents et fait aussi référence au politicien républicain Dick Cheney qui n'hésita pas à faire fermer une autoroute pour pouvoir chasser tranquillement le canard...
EG

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