vendredi 30 mars 2012

ZUPA DUPA KUPA - With the Dropouts (2012)


Sur ce vinyl sorti récemment chez Monotype records, on retrouve des titres tirés de sessions datant de 2009/2010, déjà chroniquées sur des albums Chadula parus à l'époque (AdriftDoc Chad returns...). Les versions sont cependant différentes. Epaulé par un groupe, au sein duquel on retrouve l'ingé son/bassiste/claviériste Pink Bob, mais aussi l'inénarrable Fidel Casio (crédité au Didjiridon't - sic) et autres fines lames, le docteur délivre une poignée de chansons de son cru, alternant méditations banjoïstiques (Bird song), fantaisies chaloupées (The Dentist), Punk rock (Sword and Shield), etc...  Son professionnel pour un disque longtemps attendu, superbement designé par un Chad colleur/feutreur particulièrement gribouilleux au verso.    
ALG

jeudi 29 mars 2012

THE JAGUAR CONCERTO (2012)


The Jaguar concerto fait suite au Smoke detector concerto et nous plonge à nouveau dans la jungle tordue, mâchée et digérée par des ventres à multiples entrées et sorties du toxibrouilleux Psychad Studio. Car on nage ici dans un tropical particulièrement fiévreux, entre virgules de piranhas pincées au banjo, toucans frottés à même le tronc des guitares, chiffonnades de Secret of the cooler, cassette ignoble de 1983, décoctions de percussions diverses, insolation de bajo sexto et par-dessus tout, Chad soufflant et psalmodiant dans une tête de jaguar en céramique que lui a rapportée son ami Bekah Shylovski d'un voyage à Mexico. On découvre ainsi un Chadbourne souffleur, chuinteur, menaçant dans le chuchotement, apocalyptique dans le sussurement, sorte de Albert Ayler  de l'ocarina rituel: l'aspect vocal est plein de sourde menace, de vagues malédictions toltèques, olméques, ouzbèkes. Il faut dire que dans son dos, les entremêlements de banjos et de dobros tournent au bain à bulles. Le disque est du coup plein de goutelelettes, sons, cordes détendues, retendues, distendues, petites voix débiles, tandis qu'un épais soleil fond, partout, sur tout, dans un avachissement folk particulièrement crémeux.   
ALG



mardi 27 mars 2012

THE SMOKE DETECTOR CONCERTO (2012)


Pièce orchestrale interprétée par le seul Doc Chad, muni de tous ses super-pouvoirs et de la force de frappe de son studio Psychad (24 pistes qui évoquent irrésistiblement une batterie de 24 canons insolents d'étincelance). On y entend de la flûte à bec, des guitares préparées, des collages sonores, du banjo, une invraisemblable collection de bruits surprenants, cueillis on ne sait où, du piano par bribes, de l'électronique cheap, un canard, des cordes pincées façon canard, une gretsch à-la-Bo-Diddley, une acoustique Martin pincée grattée frottée jouée, des cassettes en lambeaux, plein de casios, et surtout, leitmotiv, un insupportable bip de détecteur de fumée que, selon les dires de Jimmy Carl Black (à qui le disque est pour moitié dédié), Chadbourne aurait méchamment vasectomisé. Ce faisant, le docteur s'aventure bien loin, dans des paysages inédits, à la manière d'un Steve Lacy (à qui le disque est co-dédié), mais sans saxophone et avec un énorme problème de LSD. Massacrant parfois La Marseillaise, Le pont d'Avignon, O Tannenbaum, Il était un peu navire, Plaisir d'Amour, et tout un pot-pourri de chansons trad qu'il décalque au bottleneck, avec la ferveur d'un apprenti guitariste de 7 ans, le docteur prouve une fois encore son effroyable degré de liberté. Au passage, il se renouvelle avec une fraîcheur éclatante, s'amusant désormais à empiler, piste sur piste, des palais-idéals-du-facteur-cheval-en-veux-tu-en-voilà d'overdubs réjouissants, incongrus, interdits par les tables de la Loi, mais autorisés par les notices monstrueuses du studio Psychad. En cette année 2012 qui doit s'achever par une énième apocalypse, Chadbourne pète le feu comme jamais (et comme personne).
ALG


dimanche 25 mars 2012

STOP SNORING (2011)


Le son est excellent. Les morceaux sont des folkades méditatives signées Chadbourne, qui se sert de ces complaintes monotones, qui font penser à des mantras (et qui mettent dans le même état), pour s'embarquer dans des broderies abyssales, point sur point, faisant passer le banjo par les trous de la guitare et inversement, lentement, avec une patience de couturière, jusqu'à ce que le cerveau de l'auditeur soit profondément tricoté, picotant. La présence de Scott Henderson, par ailleurs ingé son du disque, également clarinettiste, trompettiste et tromboniste, et de Darren Williams au tenor sax permettent aux chansons de déployer des ailes particulièrement soyeuses, transparentes, colorées. Les couches de banjo et de guitare, de bois et de sax, associées à quelques virgules électroniques cheap, créent progressivement une sorte de monde transparent, plein de strates, ou la chanson brille, comme un dinosaure pris dans la colle.
ALG