mardi 27 mars 2012

THE SMOKE DETECTOR CONCERTO (2012)


Pièce orchestrale interprétée par le seul Doc Chad, muni de tous ses super-pouvoirs et de la force de frappe de son studio Psychad (24 pistes qui évoquent irrésistiblement une batterie de 24 canons insolents d'étincelance). On y entend de la flûte à bec, des guitares préparées, des collages sonores, du banjo, une invraisemblable collection de bruits surprenants, cueillis on ne sait où, du piano par bribes, de l'électronique cheap, un canard, des cordes pincées façon canard, une gretsch à-la-Bo-Diddley, une acoustique Martin pincée grattée frottée jouée, des cassettes en lambeaux, plein de casios, et surtout, leitmotiv, un insupportable bip de détecteur de fumée que, selon les dires de Jimmy Carl Black (à qui le disque est pour moitié dédié), Chadbourne aurait méchamment vasectomisé. Ce faisant, le docteur s'aventure bien loin, dans des paysages inédits, à la manière d'un Steve Lacy (à qui le disque est co-dédié), mais sans saxophone et avec un énorme problème de LSD. Massacrant parfois La Marseillaise, Le pont d'Avignon, O Tannenbaum, Il était un peu navire, Plaisir d'Amour, et tout un pot-pourri de chansons trad qu'il décalque au bottleneck, avec la ferveur d'un apprenti guitariste de 7 ans, le docteur prouve une fois encore son effroyable degré de liberté. Au passage, il se renouvelle avec une fraîcheur éclatante, s'amusant désormais à empiler, piste sur piste, des palais-idéals-du-facteur-cheval-en-veux-tu-en-voilà d'overdubs réjouissants, incongrus, interdits par les tables de la Loi, mais autorisés par les notices monstrueuses du studio Psychad. En cette année 2012 qui doit s'achever par une énième apocalypse, Chadbourne pète le feu comme jamais (et comme personne).
ALG


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