mercredi 30 septembre 2009

HORROR Part 8: DEATH BY ELEVATOR, DEATH BY TOOTHBRUSH AND OTHER TEEN HITS (2004)


HORROR PART 8 : DEATH BY ELEVATOR, DEATH BY TOOTHBRUSH AND OTHER TEEN HITS
House of Chadula #2004B
Death by Toothbrush / Nightlife / Death By Elevator / Up in Here / Breezin’ (Bobby Womack) / Me and Bobby Mc Gee (Fred Foster/EC) / Macarena (Antonio Romero Monge/Rafael Ruiz)
EC : guitar, banjo, vocals, bicycle pump, little instruments, turntable, cds, electronics, mixing, rake
René Lussier (on 2) : electric guitar, effects
Gilfred Lee Fray : keyboards, voice
David Doyle : french horn
Rodrigo : percussions
Yamo Kneeme : reeds
Filipe Silva (Homo) : electric toothbrush, cymbals, electronic, mouth
Uninvited anonymous guest : piano

Plus qu’un fantasme autour des films d’horreur de série Z, ce nouveau chapitre s’apparente à la bande son d’une vie nocturne agitée qui constitue la matière et le fil de cette tentative de transcription des rêves, construits tels quels avec ses associations surréalistes, ses phases répétitives obsessionnelles, ses bribes étranges et ses situations déstabilisantes. Seulement confusion n’est pas forcément synonyme d’incohérence et Chadbourne donne ici raison à ses détracteurs en se laissant aller à un manque de rigueur qui affaiblit un projet pourtant intéressant. L’album mélange avec plus ou moins de bonheur un peu tout et n’importe quoi, avec heureusement des passages captivants (cf. le délire indescriptible en fin du titre 3). Plus convaincante, la seconde partie offre de surprenantes reprises (au thème pas toujours reconnaissable) à l’image de l’excellent « Breezin ». Si « Me and Bobby Mc Gee » surnage tant bien que mal dans le bordel, « Macarena » est la cible d’un vrai massacre organisé ; sûrement le moment le plus drôle ; avec son addition de rythmes pourris et cacophonique comme un soir de fêtes de la musique.
A noter qu’il s’agit avant tout d’un travail personnel de montage de bandes et d’addition d’instruments effectué en studio, à partir de divers matériels enregistrés en compagnie de musiciens qui n’imaginaient certainement pas l’utilisation finale.

EG

AUSTIN CHRONICLES bis

TEXAS SESSIONS CHAPTER TWO (2000)


2002 - Boxholder BXH 027
Recorded May 5, 2001, and mastered March 21, 2002 at Parrot Tracks Studio, Manchaca, Texas.
I’m ready (McKinley Morganfield) / The Bottle Labeled Losers (EC) Today’s Gun Permit (EC) / Give Back the Key to my Heart (Doug Sahm) / Old Habits Die Hard (Doug Sahm) / The Bully Song (EC) / The Navy Song (EC) / You can’t Hide a Redneck (Doug Sahm) / Cowboy Peyton Place/Can’t go back to Austin (Doug Sahm) / The Sky Got Flatter (EC) / She’s about a mover/Ta Bueno Compadre (It’s okat Friend) (Doug Sahm).
EC : electric & acoustic guitars, banjo, vocals
Susan Alcorn : pedal steel guitar, toothache
Walter Daniels : Harmonicas
Speedy Sparks : electric bass
Ernie Durawa : drum set & all percussion

Chadbourne est loin d’être un puriste ou un intégriste d’un genre musical ou d’une attitude, assumant au contraire toutes ses influences jusque dans leurs contradictions. Son travail est ainsi la parfaite illustration des vertus du melting-pot et de l’attrait des mélanges explosifs (improviziraniheavymetalcountryandwesternbebob !). Il est aussi bien lui même dans les improvisations les plus extrêmes que dans les morceaux les plus traditionnels ou les chansons au format classique (une tendance somme toute courante chez bon nombre de musiciens de la scène créative, cf Jim O’Rourke). C’est pourquoi on aurait tort de prendre cet album - un des plus « mainstream » de sa carrière - pour un simple virage commercial, mais plutôt comme un sincère retour aux sources dans la patrie de la country music, en compagnie de Susan Alcorn et Walter Daniels déjà présents lors de la première Texas Sessions, mais cette fois augmentée d’une section rythmique formée de deux anciens accompagnateurs de Doug Sahm, à qui il est ici rendu hommage une fois de plus (voir également To Doug et le 45t chez Rectangle).
La production est impeccable pour un son tout en rondeur et une rythmique efficace, carrée et sans surprise. On est loin en effet des pieds de nez et délires de There’ll be no Tears Tonight, et ce ne sont pas les fins en queue de poisson (systématiques et parfois gratuites) ou les effets pervers de guitares bizarroïdes qui retiennent l’attention, mais plutôt la cohésion du groupe qui arrive à produire des atmosphères particulières (excellente version de Today’s Gun Permit ; le planant The Sky Got Flatter avec sa ligne de basse à la Gong ; I’m Ready, presque de la « country progressive »…). Paradoxalement ce sont les reprises de Doug Sahm qui s’avèrent les plus faibles, du moins trop sages ou respectueuses pour convaincre (ballade mollassonne de Cowboy Peyton Place ; rock lourdaud de Hide a Redneck). On pourra apprécier la pertinence et la concision du jeu de Susan Alcorn et par ailleurs s’agacer de l’omniprésent Walter Daniels, trop bavard à mon goût même s’il fait preuve d’un excellent feeling.
Rien de révolutionnaire donc dans ces sessions qui présentent une facette limitée des talents du bon docteur. L’album est agréable mais inégal, sympathique et pépère, laissant un peu sur sa faim. Dans un registre assez voisin on lui préfèrera sans peine Another Country, beaucoup plus réussi.
EG
Un des albums les plus accessibles du Docteur, en même temps qu'une grande réussite artistique. Convaincu par les précédentes Texas Sessions de Chadbourne, le label Boxholder décide de financer celui-ci, et d'ouvrir les portes d'un studio. Le résultat est donc particulièrement écoutable: son impeccable, musiciens hors-pair (Susan Alcorn à la pedal-steel, Walter Daniels à l'harmonica, et aussi les musiciens de Doug Sahm, star de la country récemment décédée, le batteur Ernie Durawa et le bassiste Speedy Sparks, particulièrement saillants sur le disque), tribute à Doug Sham (dont les compositions, reprises avec ferveur et rigueur, couvrent plus d'une moitié de l'album - Fabuleux Old habits die hard!), et Chadbourne en grande forme, presque accordé, qui banjoïse et guitarise (énormes solos sur You can't hide a redneck), chante et joue avec un vieux disque de Gospel (sur I'm ready, où il imite un chanteur de blues "normal"), et délivre quelques compositions excellentes, comme ce Navy Song martelé, ou cette version particulièrement réjouissante de Today's gun permits. Un must dans la catégorie: "je sais aussi faire de la country presque normale". Et en filigrane, les gracieuses vagues de pedal-steel de Susan Alcorn, qui redonnent des couleurs à cet instrument blafard.
ALG

mardi 29 septembre 2009

EUGENE, by KEITH MACMULLEN

COUNTRY PROTEST ANEW (W Noah John - 2004)

COUNTRY PROTEST ANEW
Killdeer
Coward (EC) / Backwards Town (K. Straub) / Ballad of a Crystal Man (D. Leitch) / Don’t Burn The Flag, Let’s Burn The Bush (EC) / Family Tree (EC) / Hot Buttered Rum (T. Thomson) / Light From Carolina (S. Runkle) / Lost Ones (L. Hill) / Mushroom Clouds (A. Lee / B. Maclean / J. Echols / K. Forssi) / Wind From Newport News (B. Piephoff) / Travellin’ Soldier (B. Robison / F. Braniff) / Waterfalls (M. Etheridge / L. Lopez / R. Wade / P. Brown / R. Murray).
EC : vocals, electric guitar, banjo, 12-string guitar, sound bites
Eena Ballard : viola, backup vocals
Stephen Burke : electric guitar, lap steel, mandolin, backup vocals
Lisa Maerae Hinzman : bass, singing saw, backup vocals
Carl Gustav Johns : acoustic guitar, accordion, backup vocals
Peter Kaesberg : drums, backup vocals

Depuis quelques temps déjà, tristement inspiré par la progéniture Bush, Chadbourne revient à la tradition du « protest song » (un des grands courants fondateurs de la musique folk nord-américaine) suivant la trace des maîtres tels qu’Hank Williams ou Dylan. Après I Support the Troop and I Want My Money Back et New New War, réalisés en solo, il trouve du renfort dans un jeune groupe du Wisconsin avec qui il collabore pour la première fois, même si la violoniste Eena Ballard l’a déjà accompagné à plusieurs reprises (voir les albums Horror Part Two Banned et I Talked to Death in Stereo). Comme son nom l’indique l’album reprend le flambeau du Country Protest de 1986 avec même un clin d’œil à la pochette de l’époque et son armée de petits soldats dans les chiottes… Même construction à base de chansons originales et de covers, séparées par des interludes faits de citations ou d’extraits de film, tantôt marrants ou inquiétants (cf le témoignage de sa mère sur la période nazi, plus largement développé dans I’ve Been Everywere). Le résultat est à la hauteur du premier opus dispensé sous l’ère Reagan, en plus homogène de part l’unité du groupe, qu’on pourrait situer ici à mi chemin entre les Camper Van Beethoven et Violent Femmes, en moins arty et beaucoup plus country. La production très luxueuse – une fois n’est pas coutume – change du lo-fi habituel. Pas d’improvisation ou de traffic sonore perturbateur, mais une fraîcheur et une verve intacte dans de très honnêtes morceaux country rock (« Backwards Town »), de nouvelles compositions originales de premier plan (« Coward », « Family Tree »), une belle balade très classique (« Travellin’ Soldier ») ou une excitante reprise de Lauryn Hill (« Lost Ones ») et son impeccable partie de banjo. A noter encore un joli titre de Donovan, relevé à la scie musicale, avec des couleurs psychédéliques authentiquement sixties. Figure aussi l’inévitable « Don’t Burn the Flag, Let’s burn the Bush », (en provenance de Country Music in The World of Islam). Eugene montre des efforts touchants pour varier et faire sonner juste sa voix (Hot Buttered Rum), ce qui mérite d’être signalé. Avec Another Country et Texas Sessions Volume 2, Country Protest Anew fait partie des albums les plus « mainstream »
EG

WE'LL BE TOGETHER AGAIN (2003)

WE’LL BE TOGETHER AGAIN (The Jack & Jim Show + Pat Thomas)
House of Chadula #2003G
Recorded live during the summer 2003 tour of Scandanavia
WE’LL BE :
One More Road To Cross (DMX arr EC) / I Support The Troop and I Want My Money Back (EC) / The Girl From Al-Quaeda (Jobim/Getzt/EC/Molly Chadbourne/Paul Lovens) / Iron Man (E.Dolphy) / Willie The Pimp (F. Zappa) / Orange Claw Hammer (D. Van Vliet) / Graveyard (trad.) / Buggy Boogie Woogie (D. Van Vliet) / Concentration Moon (F.Zappa) / Mom and Dad (F.Zappa) / I’m a King Bee (S.Harpo)
TOGETHER AGAIN :
Time remembered (B.Evans) / Iron Man (E.Dolphy) / Vincenza Train (EC) / Night of the Living Dead (Black Uhuru) / Jungle Cookies (EC/Pat Thomas) / North Carolina (Petey Pablo) / The Blimp (D. Van Vliet) / Too Late for Drag Racing (JCB) / Medley : Dropped Another Needle/Fresh Garbage/Snowdrop / Foxy Lady (J.Hendrix) / One Rainy Wish (J.Hendrix) / Red House (J.Hendrix) / Margaritaville (J.Buffet) / We’ll Be Together Again (Laine/Fischer).
EC : guitar, banjo, vocal
JCB : drums, vocal
Pat Thomas : keyboards and electronics

Retour très attendu du trio après le succès de leur première collaboration (l’excellent Jimi II). L’imprévisible Pat Thomas, alias Black Paddy, s’accorde décidément à merveille à l’univers décalé de Chadbourne (voir également le projet Hellington Country). Tel un catalyseur d’énergie nouvelle, il entraîne non seulement le duo originel vers d’autres territoires mais opère une métamorphose musicale salutaire pour nos deux vieux briscards passablement fatigués (cf. le décevant 2001 : A Spaced Odyssey) qui retrouvent ici la fraîcheur et la jubilation de leurs débuts (les très excitants One More Road to Cross et Concentration Moon). Un agent perturbateur qui injecte du sang neuf et fait monter la pression, poussant ses acolytes dans leurs derniers retranchements, hors de leurs réflexes parfois un peu trop conditionnés. Pat Thomas jouit d’une imagination incroyablement fertile, digne d’un Steve Beresford, qui ne saurait le réduire au rôle de simple accompagnateur, au point qu’il en devient souvent le pivot du groupe. Tel un sorcier des sons, bidouilleur inventif hyperactif, usant de tous types de claviers ou boîtiers électroniques, il donne une dimension envoûtante et onirique au projet (bon exemple avec Mom and Dad ou I’m a King Bee) passant en toute liberté du piano enchanteur de Time Remembered (reprise de Bill Evans) aux triturations sonores ou incursions bruitistes toujours bien venues (North Carolina) ou au plaquage de surprenants fragments de boucles rythmiques (Foxy Lady) créant au final des architectures aux proportions étranges (I support the Troop, ou l’envoûtant Vincenza train, peut être le morceau le plus dingue de l’album, avec un solo de guitare incroyable et une étonnante fin en queue de poisson). Il apporte aussi une base rythmique supplémentaire qui libère Jimmy Carl Black et démultiplie la puissance et l’efficacité habituelle du duo. Ainsi, dans l’impressionnant Iron Man et son mur du son à la Cecil Taylor, ils déploient toute leur énergie dans une urgence incandescente.
La musique évolue dans des sphères plus complexes que celle du Jack and Jim Show, y compris dans les morceaux phares du répertoire (versions transformées de Willie the Pimp, The Blimp, le medley Dropped Another Needle /Fresh Garbage/Snowdrop, ou encore Mom and Dad, avec son solo de guitare mutante).
L’ensemble est un montage de morceaux live aux coupes brutales, ponctués d’interludes extraits de fragments d’ambiances et de dialogues enregistrés en tournée (un clin d’œil au Playground Psychotics de Zappa ?). Tout simplement un des meilleurs Chadbourne !

EG

PEOPLE FOR CHAD (Casette 1997)

Une folie. Deux fois quarante minutes de bruit! Collage, cordes énucléées, ongles décapsulés, accélérations de bande, nuages grésillants de distorsion, cors de chasse passés dans des guitares passées dans des frelons, avions en rase-motte s'écrasant sur les micros, monstres en forme de doigts tentant de s'extirper d'un piège de cordes mortelles, fantômes rayés revenant inlassablement sous le diamant, des coups, des gnons, des explosions nucléaires. Une arme de destruction massive, une vraie, qui justifierait à elle-seule que l'armée américaine envahisse Greensboro.
ALG

HUGHSHOWS.COM


GUITAR FREAKOUT (1981)



GUITAR FREAKOUT
House of Chadula # 1981A
Guitar Freakout (1982) / Secret Of The Cooler (1983) / The Birdcage (1983) / The Porthole (1984) / The Rake II (1981).
EC : acoustic and electric guitars, bass, harmonica, plunger, rake, birdcage, percussion, voice, tapes, various effects, mix, etc.

Parallèlement aux productions sur labels officiels, le docteur stakhanoviste a sorti en une vingtaine d’années un nombre incalculable de cassettes autoproduites, vendus lors des concerts ou par correspondance. La création de son label House of Chadula prolonge de manière moins anarchique la libre diffusion de ce qu’il nomme lui-même sa « diarrhée musicale ». C’est aussi l’occasion d’exhumer une partie des trésors du passé, non réédités jusqu’alors, tels ces cinq pièces mythiques du début des années 80 (période Shockabilly) qui témoignent de ses plus folles expérimentations solos enragées d’alors. « Guitar Freakout », figurant justement sur une de ses toutes premières cassettes, est non pas une reprise de The Venture mais un morceau de bravoure à la gloire de l’instrument le plus rock’n roll, organisé selon un collage savant et vertigineux de près d’un millier (!) de fragments d’enregistrements live ou studio, avec parfois l’insertion ponctuelle de dialogues de films (« you fucked my wife ! »). Une pièce de « résistance », qui emprunte autant au processus de The English Channel (carambolage incessant laissant place au hasard) qu’à son jeu au sein de Shockabilly (l’énergie convulsive, les accords et gimmicks rock) dans un grand déballage indescriptible aux éclairs électrisants, ravageant tout sur son passage, bourré de gags et de pieds de nez au conformisme des guitar heroes. Impossible de s’ennuyer pendant ces 23 minutes d’aventure démesurée, digne des meilleurs délires du Zappa des débuts. « Secret of the Cooler », basé sur le même principe mais en plus furieux et bordélique, va encore très loin dans la folie et le sens aigu du burlesque (cf. les râles et aboiements de chiens). « The Birdcage », du nom d’un de ses instruments bricolés, à partir d’une cage métallique branchée en saturation sur ampli, n’est pas mal non plus dans le genre, augmenté de guitares, de citations (Beatles, Kinks, Hendrix), de bandes accélérées, de brouillages et de superpositions. En comparaison « The Porthole » est moins éclaté et se concentre sur une suite de frottements et maltraitances diverses, en exploitant comme matériau musical (chose pas encore banale à l’époque) les bruits et parasitage des branchements et contacts des micros. Enfin pour achever l’ensemble une excellente pièce au râteau électrique, géniale invention d’absurdité, dont il tire une gamme expressive de sons et de motifs étonnamment riche (« the Rake has feelings »).
EG



DUET EUGENE CHADBOURNE TONY TRISCHKA (1991)

Une série de duos avec Tony Trischka, célèbre banjoiste et auteur entre autres de la méthode Teach yourself Bluegrass Banjo, bizarrement crédité ici uniquement à la guitare Gibson et au "papier toilettes volé dans la maison de William Burroughs", tandis que Chadbourne joue du banjo "communiste", de la guitare (Hofner Archtop) et du dobro. Le résultat oscille entre lives lo-fi, vraisemblablement enregistrés de la salle par un auditeur, à des performances nettement plus écoutables. Les deux compères alternent reprises de punk ("Police Truck" des Dead Keneddys), thèmes de Jazz ( "Volunteered slavery" de Roland Kirk, "Misterioso" de Monk, "Ornithology" de Charlie Parker...) et improvisations/chinoiseries/chiffonnades de cordes (fabuleux "USA invaded by toilet snakes"). Le tout témoigne de leur tournée en commun, au printemps 1991, entre Kansas City, Saint Louis et Madison, et est servi sous forme de cassette OVNI, dans un packaging monstrueux, numérisée et sauvée des eaux par Emmanuel Girard!


ALG

lundi 28 septembre 2009

AUSTIN CHRONICLES

MUSEO DELLA MUSICA (2009)

MUSEO DELLA MUSICA House of Chadula #2009
Birthday Song / Pop My Trunk / Evil Filthy Preacher / Land of Used to Be (EC) / Shoe / Roll Over Berlosconi / Breakin The Law Every Day (Zappa) / Ourdaily Lead / Boy With The Coins / Dreamt I Was Young Again (EC) / Forgiven / That's All Water Under The Bridge / Missing Something / Birthday
EC : all instrumentsWalter Daniels : harmonica, slide whistle

2009: Le Docteur Chad a 55 ans et s'offre cet happy birthday masqué plutôt réjouissant. Au programme: suite des expérimentations au studio psychad, soit le docteur superposant librement tous les instruments qui lui passent entre les mains (banjo, guitare, sorte de basse, mais aussi de somptueux casios) par le truchement de son nouveau studio multipistes, brodant ses napperons autour de chansons parfois déjà enregistrées (Land of use to be), parfois pas. Un peu de live (Roll Over Berlosconi, irrésistible déclaration de guerre à l'autre abruti, That's all water under the bridge, étrange et fascinant morceau de froti frotta sur le corps malade du banjo), et de passages radio (Pop my trunk, morceau de rap entendu à la radio en s'y rendant, et repris illico presto sur le plateau avec banjo des Appalaches et un certain Walter Daniels à l'harmonica). Le disque commence par Birthday song et se termine par un titre miroir, Birthday, emprunté cette fois aux Beatles, et enregistré dans le home studio du Arbe Garbe band, un groupe italien, avec une chouette atmosphère soul/mariachi: un disque anniversaire donc, dédié à la jeune Lizzie Chadbourne, pour ses 21 ans, avec en guise de gâteau cette pièce montée italienne d'où surgit un docteur espiègle et plus libre que jamais.
ALG

vendredi 25 septembre 2009

HORROR PART 2 (1999)


HORROR PART TWO BANNED
House of Chadula #1999B
I Talked To Death In Stereo / Dedications To Lesser Monsters : Friend Without A Face, The Crawling Hand, Pumpkinhead, Crawling Eye / Coltrane Medley / Equinox / Dusk Til Dawn / The Father, The Son / The Holy Ghost / I Talked To Death In Stereo / Bach Partita For Phantom.
EC : guitar, banjo
Nurse Eeeeena Ballard : electric viola
Joeee Conroy : violin, strings, bass
Evan Gallagher : keyboards, percussion
Steve Good : clarinets, alto sax
Norman Minogue : theramin, drums
Ted Reichman : accordion keyboards

Le cinéma d’horreur reste souvent considéré comme un sous genre honteux et méprisable, au mauvais goût dérangeant, ce qui ne peut que séduire un musicien en marge comme Chadbourne, pour qui culture populaire et série Z ne sont pas incompatibles avec Grand Art. C’est donc en toute logique qu’il choisit cet univers comme matériau musical, chaque opus étant en quelque sorte la bande originale d’un film imaginaire qui joue avec les clichés d’un genre très codé, sans pour autant prétendre à une transcription purement musicale du langage cinématographique (contradictoire avec la suite). Anormalité inquiétante, couleurs glauques, climat de malaise, montée de la tension et excitation du suspens, confusion angoissée, situations d’attente avant surgissements de l’horreur, etc..., sont autant d’ingrédients utilisés dans ces tableaux cauchemardesques aux éclairages irréels, peuplés de créatures monstrueuses qui font la joie des amateurs d’Halloween. Pourtant il se dégage quelque chose de très sombre qui n’a rien a voir avec l’imagerie du genre, mais plutôt avec une vision d’un monde désabusé et peu accueillant (qu’on retrouve également dans la série Insect and Western) pour le coup réellement sinistre et flippant, ce qui au final peut être considéré insidieusement comme une totale réussite en la matière. Le cauchemar compile des extraits de deux concerts en formations différentes, l’enregistrement souffrant comme souvent d’un manque de clarté et de relief qui ne rend pas justice au travail des musiciens. Il est conseillé de monter le son pour mieux s’immiscer dans l’agitation des guitares écorchées, des cordes geignantes et torturées ou les efforts d’une clarinette véloce se débattant comme sous la contrainte, même si parfois on peine à suivre des improvisations trop flottantes. Heureusement une lumineuse partita de Bach, exécutée au banjo, achève par une note d’espoir cet album qui n’est pas l’opus le plus abordable de la série.

EG

HONKY-TONK IM NACHTLOKAL (2004)


HONKY-TONK IM NACHTLOKAL
The History of The Chadbournes
Leo CD LR 406
Recorded at various locations from 1996 throught to 2002
Flight of the Bumblebee (Rimsky-Korsakov) / Up Against the Wall, You Redneck Mother (Ray Wylie Hubbard) / Ketchup Loves Potatoes (Stompin, Tom Connors) / Devilish Mary (traditionnal) / Tennessee Border (Work/Burns/Haynes) / People Will Say We're in Love (Oscar Hammerstein/Richard Rodgers) / I've Thought of Leaving, Too (Loretta Lyn) / Rabbit in the Peapatch (traditionnal) / Needlecase (Sam McGee) / I'm Wasting Good Paper (Buck Owens) / Cajun Medley (traditionnal) / George Fox (traditionnal) / Georgie Buck (traditionnal) / Rahsaan Roland Kirk Medley : Bright Moments/Here Comes the Whistleman (R. Kirk).
EC : guitar, banjo, vocals
Olivier Bernet : guitar, vocals (1-4)
Victor Marco, guitar (1-4)
Cédric Privé : violin (1-4)
Jérome Renault : drums (1-4)
Chris Cornetto : keyboards, trumpet, electronics (5-6)
Billy Kettle : drums (5-6)
Walter Daniels : harmonica (7-10)
Barry Mitterhoff : mandolin (7-10)
Roy Paci : trumpet, mouth harp (7-10)
Bob Jordan : toy instruments, Portuguese Man O'War guitar, voice (11-14)
Barry Mitterhoff : mandolin (11-14)
Chuck Rosina : electronics, tape manipulation, sound effects (11-14).
The Chadbournes est moins un groupe qu’une entité confuse à géométrie variable rassemblant pêle-mêle des projets versés dans le traitement hétérodoxe des musiques populaires et en premier lieu la country and western. « The History of ... » n’est pas non plus une compilation d’anciens albums (There’ll be no tears tonight, LSDC&W, Blotter) ni une resucée du travail passé, mais la présentation de collectifs inédits s’étant produit sous l’appellation The Chadbournes.
La plus belle surprise est l’heureuse rencontre avec The Wild Bud, groupe français originaire de Pau, qui pratique royalement le mélange sauvage à la sauce punk et avant-gardiste entre la country et le rockabilly. Des points communs évidents avec Chadbourne encadré sur mesure dans son entreprise jubilatoire de recyclage, avec une entente, une dynamique et un son de groupe superbes, des parties vocales impeccables (« Devilish Marry »), une bonne humeur et une énergie communicatives. C’est le label Relax Ay Voo, responsable du magnifique Old Time Banjo, qui devait initialement sortir ces perles.
« Tenessee Border » et l’irrésistible « People Will Say… », en trio avec Chris Cornetto et Billy Kettle, nous ramènent directement à l’époque de Tears et LSDC&W, avec un tricotage country speed sur rythmique sautillante montée sur ressort et les touches décalées d’un orgue vintage à la Kramer (période Shockabily).
Le troisième groupe rassemble exceptionnellement le trompettiste italien de Zu et les habitués Barry Mitterhoff et Walter Daniels, pour une prestation unique lors de l’édition 2000 du festival Sons Divers (voir la rubrique bootleg). « Redneck Mother » extrait du même concert figure dans Homeland Security. La formule instrumentale est originale (banjo, guitare, mandoline, trompette, harmonica) pour un résultat tantôt tonique, même sans batterie (« I’ve Thought of Leaving, Too », « Rabbit in the Peapatch ») tantôt calme et poli (« Needlecase », « I’m Wasting Good Paper ») qui sied mieux au contexte/à l’acoustique de la vieille église de Gentilly.
Enfin le combo avec Mitterhoff, Bob Jordan (vieux complice depuis 1980 et participant régulier des différentes moutures de Chadbourne Baptist Church) et Chuck Rosina (membre d’Urban Ambience) revisite la country sur un étrange fond de manipulations électroniques et bandes diverses (« George Fox » et « Georgie Buck ») et rendent hommage à Rashaan Roland Kirk (le bien nommé « Bright Moments »).
Cet album, digne de figurer au top 50 d’un monde meilleur, est une nouvelle illustration de la réhabilitation inventive, réjouissante et accessible d’un genre trop souvent galvaudé par les productions frelaté de la variété américaine courante.

EG