vendredi 20 décembre 2013

GUITAR SOLO 3 (1978)


GUITAR SOLO 3 (1978)
Rift / Red records

Henry Kaiser - Robert Louis Stevenson
Henry Kaiser - Dien Da
Chip Handy - Foreign Music
Chip Handy - Little Missy
Chip Handy -Total Babes
Peter Cusack - Whistling With Guitar Accompaniment
Keith Rowe - For A
Fred Frith - Alienated Industrial Seagulls Etc.
Fred Frith - Song Of River Nights
Fred Frith - Should Old Arthur
Eugene Chadbourne - Memories Of Hanover Lodge
Eugene Chadbourne - Memories Of Wildey Road
Davey Williams - Ezekiel
Akira Iijima - Coming No. 4

EC : dobro, Gibson 12 string

Fred Frith à monté cette compilation à partir de bandes inédites de la fine fleur des gratteux les plus freak du moment. Lors de sa participation aux sessions du “Musique Mécanique” de Carla Bley, Chadbourne profite du Grog Kill Studio pour construire sans plans ces deux pièces pour le moins étranges. Pas d'accords ni de mélodies, pas de rythmes mesurés, quasiment pas de notes non plus, mais de l'abstraction totale, concentrée sur les effets bruitistes arrachés au silence, marquant les contrastes, usant tous les effets de résonance et de frottements possibles avec une guitare acoustique, placée proche du micro (Mike Mantler est aux manettes). Le travail creuse les sillons de ses premiers disques, et rejoint l'esprit et la forme du contemporain “Solo Violin Improvisation” de Polly Bradfield (au dire d'Eugene : “one of the best things I've ever heard »).

EG

jeudi 19 décembre 2013

LIVE IN NAGOYA, JAPAN JUNE 12, 2008


LIVE IN NAGOYA, JAPAN JUNE 12, 2008
Inkanish Records 2008 (European version)

Click Clack (D.V. Vliet) / Dirt (EC) / Indian Chant and Nazi Punks, Fuck Off (JCB/EC/ J. Biaffra) / She's a Super Freak (R. James) / Willie The Pimp (F. Zappa) / Lonesome Cowboy Burt (F. Zappa) / She's About a Mover (D. Sahm) / Hoochie Coochie Man (W. Dixon) / The Highway is my Home (M. Haggard) / Misty Roses (T. Hardin) / The Creator has a Master Plan (P. Sanders) / Help I'm a Rake (F. Zappa/EC)

EC : banjo, guitar, rake, vocals,
Jimmy Carl Black : drums, vocals

Avec «We don't have that at home », également enregistré pendant leur tournée au Japon, c'est l'ultime album du Jack and Jim Show, au terme de 15 années d'aventures et d'amitié (Jimmy Carl Black est mort en novembre 2008). Si l'on devait en tirer le bilan, c'est sans doute l'une des rencontres les plus heureuses dans leur carrière respective, et aussi une des plus documentées (des tonnes de cd...). La formule est immuable : des covers de classiques country, folk, blues, jazz et parfois même funk, drôlement réinventés ou dégommés sans vergogne, du coeur de boeuf pimenté coupé en tranches et des zapatteries freaky, plus quelques scies personnelles bien affûtées (ici « Dirt », « Indian Chant »). Par bonheur le duo semble avoir toujours été chaleureusement accueilli et si les organisateurs ne pourront plus inviter l'indian of the group, ils retiendront sûrement sa fameuse formule : « where's the beer and when do we get paid ? ».


EG







dimanche 3 novembre 2013

COMPLETE COMMUNION - with ARBE GARBE (2011)


COMPLETE COMMUNION - with ARBE GARBE (2011)
Label HYBRIDA -2013

Side One : Arbe Garbe special guest Eugene Chadbourne
Complete Communion (Complete Communion / And Now / Golden Heart / Remembrance) / Elephantasy (Elephantasy / Our Feelings / Bishmallah / Wind, Sand and Stars) / (Don Cherry)
Side Two : JesterN
Complete Communion JesterN's Hack/ Elephantasy JesterN's Hack (Don Cherry)

Flavio Zanuttini : trumpet
Roberto Fabrizio : guitar
Federico Galvani : accordion
Giacomo Zanuttini : tuba
Marco "Padiar" Bianchini : drums
Alberto Novello : hack & mix
EC (special guest) : banjo and balloons

Reprise complète de l'album mythique de Don Cherry (1966), pierre d'angle du jazz moderne, retaillée en atelier par les sculpteurs italiens d'Arbe Garbe (déjà responsable avec Chadbourne de « The Great Prova »). Le disque (vinyle) conserve la tracklist originale et réinvente sagement la pochette Blue Note. Sauf que la bande laisse de côté les gouges, rifloirs ciseaux et autres rabottins, optant pour un layage et bouchardage punk exécuté au burin pneumatique. La belle abstraction harmolodique mute en déflagrations speedfreak et envolées de derviches tourneurs (incroyable Flavio Zanuttini !) sur des riffs au tuba et sous le pilon de Marco Bianchini, comme si Lemmy retroussait Ornette Coleman. Chadbourne intervient peu mais son banjo fait des étincelles et ajoute sa couche de démence (en revanche il se taille la part du lion dans le reste des sessions publiées dans « Why Practice When You Can Eat ?», un CD House of Chadula, indispensable...). La deuxième face est une toute autre affaire : des mix d'Alberto Novello (a.k.a. JesterN) qui badigeonne les morceaux à la sauce jungle pour un résultat nettement moins convaincant que le brûlot qui précéde.

EG


samedi 2 novembre 2013

EUGENE IS HELL (1988)


Someday / Screen play idea / Used record pile / Interview with Molly 3 / Theme for Chris Cutler's Decpitation / Bob Jordan worlds greatist cajun deejay / Life times two minus one / Strange feeling / Chase the blues away / Blue melody / The River / Sing a song for you / I must have been blind

EC : Guitars, voice, banjo, harmonica, casios, organ, tapes

Une autre de ces cassettes secrètes qui construisent la légende. Enregistrée maison, dans la chambre, la cuisine ou le salon, en famille avec chiens et chats, filles sur les genoux. Eugene joue des chansons décontractées à la guitare ronde, colorées à l'harmonica et trempées dans des nappes de casio. Libre et étrange comme un dessin d'enfant, cette production modeste dans le cadre de l'intime touche au plus juste.

EG


lundi 7 octobre 2013

TEXASSOCK (2013)


Sous l'apparence d'un album chaussette (l'oeuvre de Chadbourne a donné au packaging chaussette ses lettres de noblesse), le docteur nous offre ici le meilleur de ses Texas sessions, déjà chroniquées sur plusieurs autres disques, rehaussées ici d'inédits. On retrouve donc une kyrielle de musiciens légendaires, dont l'extraordinaire Susan Alcorn, sorte de Pénélope phosphorescente, à la pedal steel, Ernie Durawa, batteur de Texas Tornados ou du chanteur Doug Sahm, le bassiste Speedy Sparks (également comparse de Doug Sahm), le pianiste de Johnny Cash, Earle Poole Ball, l'harmoniciste Walter Daniels, l'activiste David Dove au trombone, et le guitariste de Merle Haggard, Redd Volkaert ! Le résultat est un must, florilège de morceaux country et blues, sans doute ce que le docteur a enregistré de plus accessible. Le son est excellent, chaud, et l'ensemble est un excellent remède contre la morosité. Et comme l'ambiance est bonne et que les morceaux ne veulent pas finir, les queues de comète taillent en free improvisation. The shape of country to come ? Ou Free Country (A collective improvisation) ? Sous l'innocence de la chaussette, l'entreprise est subversive, car toutes frontières musicales ont été abolies.
ALG   



DOC CHAD AYLER (2013)


CD 1 :  Omega S The Alpha - Ghosts - Prophecy - La Marseillaise - Prophecy - Ghosts - Infinite Spirit - Light in the Darkness - Change Has Come

CD 2 : Witches and Devils - Spirits - Ghosts - Ghosts - Witches and Devils - The Father The Son The Holy Ghost - Truth Comes Marching In

Eugene Chadbourne - Arrangements, guitar, banjo/Roy Paci-trumpet/Massimo Pupillo-bass/Jacopo Battaglia-drums/Joe Williamson-bass/Uli Jennessen-drums/Eena Ballard-electric viola/Joee Conroy-electric guitar, violin, cello, mandolin/Steve Good-clarinets, alto saxophone/Norman Minogue-theramin, drums/Brian Ritchie-bass, bugle, home made clarinet/Carrie Shull-oboe/Frank Lowe-tenor saxophone/Charles Tyler-baritone saxophone/Charles Turner-harmonica/Evan Gallagher-keyboards, percussion/Ted Reichman-accordion, keyboards

Albert Ayler est l'un des totems favoris du docteur Chadbourne : même principe actif iconoclaste, qui doit irriter le même genre de personnes, et même cartographie spirituelle - entre incandescence aux frontières du bruit pur et profonde méditation, avant-garde abrasive et naïveté folk, entre free jazz et mood fanfare. Sur ce double CD, Chadbourne compile son Albert Ayler songbook, entouré de la fine fleur de la Chadbournerie internationale, du groupe Zu à l'étrange Eena Ballard, mante religieuse déjà repérée dans la série Horror, des fidèles de la secte des insectes (le violent femme Brian Ritchie, La fluorescente hauboïste Carrie Shull) aux pointures Frank Lowe et Charles Tyler, etc... Le résultat, aussi varié et déroutant que l'original, est une pâtisserie gorgée de sucres lysergiques jazzement caramélisés. Mention spéciale pour La Marseillaise, qui se délite en apocalypse sonore avant de s'écraser sur le mur du son (ce qui donne à penser).
ALG  




IN THE MALAKOFF DIGGINGS - With PAUL LOVENS (2002)



IN THE MALAKOFF DIGGINGS
House of Chadula # 2002A
Malakoffnakis (EC/PL) / Rainy Day Women 12&35 (Dylan) / Malakoffee (EC/PL) / Speak Low (K.Weill/B.Brecht) / Malacough (EC/PL) / Sing a Song For You (G.Parsons) / Foxey Lady (Hendrix) / Malakofotto (EC/PL) / When the Grass Grows Over Me (D.Chapel) / Malakoffotcho (EC/PL) / Slow Boat to China (F.Loesser) / Malacoffin (EC/PL) / Out of My Mind (N.Young) / Malakoffamala (EC/PL) / Old Blue (trad.) / This is the real Malakoff. There is nothing here ! / Malakvatch (EC/PL) / Lonesome Fugitive (M.Haggard) / Malaachen ((EC/PL) / A Fine Romance (J.Kern) Dock of the Bay (O.Redding).

EC : guitars, banjo, vocals
PL : selected and unselected drums and cymbals, stradivarius singing saw

Doc Chatterbox et Mister Lovenski nous emmènent en vadrouille à travers l'Italie, la France, l'Amérique et l'Angleterre. Les bagages remplis de balades jazzy-cool et de chansons country-folk-rock, au milieu d'un fatras de morceaux improvisés mais découpés avec soin : en tranches de métrique éclatée, dés de pointillisme abstrait, cordes effilochées et cymbales en mille feuille. Le tout sous l'oeil déformant de théodolites désaxés et d'instruments de démesure pour mieux arpenter les reliefs d'une topographie toute personnelle.
EG


jeudi 26 septembre 2013

DOC RAKE VS HURLEY-MAN (2005)


A nouveau, Mike Schafer a récidivé, exhumant une énième momie de la pyramide insensée du docteur Chadbourne (avec l'obstination d'un Sisyphe, il exhume et excave sans cesse les cassettes oubliées du docteur, comme s'il tentait d'empêcher l'édifice de s'effondrer sur lui-même). Ici, c'est un live à Rochester datant de 2005 qui reprend des couleurs. Chadbourne, ici nommé Dr Rake, à savoir son Mister Hyde personnel (d'ordinaire associé au monde merveilleux de la sidérurgie et des pédales hyper mega thrash metal avec rejets dans l'atmosphère), n'offre pourtant que des jekylleries pleines de retenue et de délicatesse, et croise le fer avec Michael Hurley, légende du folk américain, joueur de guitare mais aussi violoniste (il suffit qu'on dise qu'il a travaillé avec les (Un)holy modal rounders pour comprendre qu'il s'agit d'un violon légèrement trempé dans l'acide). La traqueliste est sobre, courte : Pastures of plenty, de Woody Guthrie, Mom and Dad's waltz, de Lefty Frizzel, et trois compositions de Hurley, dont un Surf song (ici renommé Slurf song) issu précisément de l'album suscité, Have moicy (1976). Le résultat sonne comme une méditation à la bonne franquette auprès d'un feu de camp dans une plaine en bois ciré, où les arbres sont chaudement emmitouflés dans des couvertures devant un lait chaud. 

ALG


mercredi 24 juillet 2013

CHASIN' THE CAPTAIN JACK (1994)


CHASIN' THE CAPTAIN JACK (1994)
EC : deering banjo, acoustic and electric guitars, electric bass, 5-string bass banjo, prepared piano, all percussion, tenor & alto saxophone, turntables, tapes, electric rake, electric plunger, electric porthole
Walter Malli : soprano saxophone
Chris Turner : harmonicas, jew harp
Werner Dafeldecker : string bass

Une pièce ambitieuse invoquant Kintpuash, chef de la tribu des Modocs surnommé Captain Jack et pourchassé à mort par l'envahisseur blanc. Un destin tragique pour un personnage symbole de résistance qui inspire doublement Chadbourne : d'abord pour un mariage rigolard et contre nature entre musiques amérindiennes et banjo redneck, d'autre part pour un travail de la mémoire : intime et familiale (témoignage de sa mère, fragments et souvenirs d'enfance), grande et historique (la deuxième guerre mondiale, la persécution et le génocide des peuples indiens et juifs), le tout pour lui finalement indissociable. Sous l'effet des herbes sacrées et de la stéréo totale, les forces tribales poussent à la transe, remuent les tripes et brouillent les esprits dans des visions dignes d'un western chamanique. Eugene surpasse ici ses collages habituels pour atteindre une densité dramatique comme rarement dans sa discographie. Et sous l'amusement du délire pointent une douleur et cri de douleur bouleversant.

EG

mercredi 17 juillet 2013

THE CONCERTO PART 4 (2012)


Le quatrième volet de la série concertos continue de creuser la veine ambient initiée par les 3 premiers, mais dans une optique ici résolument orchestrale. Par « orchestre », il faut comprendre couches de divagations instrumentales ajustées ensemble par le truchement de quelque prodigieux adhésif. Le principe est symphonique, et les musiciens jouent indéniablement ensemble, même si chacun d'entre eux semble aussi déterminé à développer sa partition malgré les autres et que le bac à sable, à force de pédaler, se mue en gadoue où ils s'enfoncent, furieux autistes s'accrochant à leur marteau. Ca s'agglutine – car, c'est une des lois de l'univers, tout peut s'agglutiner –, s'amalgame un peu comme du riz gluant, pour former à l'arrivée une grosse boule de pâte orchestrale. Aux joies de la conglutination s'ajoutent celles de la coagulation qui, une fois le résiné dégoulinescent recueilli dans la calebasse et modelé sous forme de boudin, offre un amusant effet de transparence : le son, limpide comme une rivière de colle, nappe avec onctuosité les crépitements banjoïstiques, les effets de tremolo bourdonnant de la basse de Johnny Hamill, les percuteries de Mike Dillon et les grouzibouzis electrocheap de Mark Southerland, et sauce le tout tantôt d'un épais coulis méditatif, tantôt d'une tartine de bruit dur – ce qui revient, convenez-en, rigoureusement au même. Du jazz, inopinément, remonte de ces profondeurs, et c'est l'occasion de bulles récréatives – vite éclatées. Il faut retourner fouiller, glouglouter et excaver du magma de petits diamants, sertis dans ses infinis nombrils. Anecdotes : des collages de cassettes viennent agrémenter l'écoute – interventions de Derek Bailey (je crois), morceaux de live effilochés, et Eugene a un accident de plectre.
ALG



THE CONCERTO PART 3 (2012)


Le troisième volet de la série Concertos est à placer dans la catégorie Mécanique des fluides. Le docteur y explore le  flux de conscience, sa structure, ses enchevêtrements secrets. L'auditeur se retrouve pris dans des rapides plutôt lents, quoique inexorables. Un fort courant magnétise l'ensemble du disque, à classer dans la catégorie ambient, un ambient liquide et plein de clapots/citations hirsutes de disques hétéroclites, aggravées d'interventions inopinées, de malaxage, de tripotage, de banjoïsmes et de percutations. Chadbourne brode autour du thème de sa chanson « Put me back in the river » et nous y remet sans bouée. Rivière pâteuse, légèrement précipitée, comme une sauce sous maizena, mais incroyablement rafraîchissante. Ca sent la menthe, le chanvre et le dobro, le fond de sauce ayant été au préalable chauffé à blanc, puis sauvagement déglacé à l'acide lysergique. Le docteur folâtre sur les berges molles en compagnie de nymphes giacomettiques, soufflant dans le simple appareil d'un tibia, puis plonge dans le bouillon, à la pêche aux sons, s'emmêlant dans son filet et se pêchant lui-même, atome par atome, dans l'inépuisable épuisette de son studio psychad. Un disque bucolique, qui fleure bon le vortex.        
ALG