mardi 1 novembre 2011

MOUSEHEAD VOL. 1 & 2 - 1990


La vieille cassette audio redevient tendance ces temps ci. Depuis les années 80, ce support précurseur du CD-R et de myspace a permis l'éclosion d'artistes en marge et fauchés (on pense à Daniel Johnston). Il offrait beaucoup d'avantages : pas d'investissement risqué comme pour un disque, une liberté totale d'édition affranchie des dogmes commerciaux, la possibilité de créer des objets différents et de diffuser ses œuvres sans délai. Parallèlement aux fanzines, c'est tout un pan de la contre-culture qui s'est développé et ramifié. L'amateur se reportera à la bible en la matière : l'indispensable « Cassette Mythos » de Robin James, compilation d'articles, essais, témoignages et illustrations, paru en 1992.
Chadbourne à lui seul écrit des chapitres entiers de cette histoire parallèle en déversant de pleines bennes de cassettes incroyables, objets fait-main constituant des pièces uniques aux emballages et contenus improbables : enveloppes recyclées, sacs plastiques, sachets de pâtes ou paquets de gâteaux, boite à hamburger, vieilles chaussures ou fameuses « dirty socks », avec des montages photocopiés, des dessins d'enfants, photos, flyers, extraits de manuscrit, note de frais, accessoires divers, le tout parfois parfumé à l'encens...
Pour ces deux volumes de « MouseHead » on a droit à une tapette à souris, une page déchirée d'un manuel professionnel de coiffure, un coloriage de Bambi et une affiche pour une manif pro marijuana ! Côté musique il s'agit d'une sélection pointue de morceaux période 1985-89 allant des albums Country Protest à Country Music in the World of Islam.
EG








lundi 31 octobre 2011

THE HORROR BOX - 2011



Paru en 2011 sur l'infâme label Chadula, The Horror Box, ou Complete Horror, ou simplement The Box With No Name, reprend tous les enregistrements de la série Horror, soit un invraisemblable fourre-tout expérimental aussi varié que réjouissant, de l'ambient pur de Frankenstein on ice (volume 6 - où Chadbourne s'enregistre au quotidien, et juste après le gel, captant autour de sa maison des sons de glace qu'on brise ) aux improvisations du volume 11 (sans titre, ce qui est encore plus flippant) ou 9 (The Raven Hopping fiend, sombre session d'impro autour du Corbeau d'Edgar Allan Poe, avec Jimmy Carl Black en déclamateur), de "compositions" du doc Chad exécutée (c'est le cas de le dire) par des psychopathes aussi notoires que Ut Greet (Post day of the dead ritual, volume 7), à des réminiscences des solo acoustic guitar (Ce volume 5, The return of the evil club, est dédié à la guitare préparée, c'est à dire torturée et tourmentée), de montage de bandes (Le volume 8, Death by elevator, death by toothbrush and other teen hits, est consacré à un invraisemblable ajustement de sessions en lambeaux, au sein du ténébreux studio Psychad) aux collages secoués du volume 3 (The man with the X-Ray eyes, servi dans une chaussette elle aussi monstrueuse), du 10 (The Evil spell, tout entier consacré à une pile de disques d'orchestres scolaires achetés chez un soldeur, que Chadbourne colle, assemble, superpose et mutile atrocement) et du 12 (I love Africa, lui aussi dédié à la juxtaposition, cette fois de toutes sortes de musiques, chinées chez l'Emmaüs de Greensboro). Le pire est atteint sur le volume 4, The thing with two heads, où le docteur, pris d'un accès de rage, démonte sa table de mixage et la brise en morceaux, chroniquant le méfait sur le disque lui-même, et le prouvant s'il était besoin en collant sur la pochette un morceau de ladite table (véridique!). Partout, des hommages plus ou moins fumeux à des maîtres de l'horreur fleurissent, prétextes à toutes sortes d'expérimentations très éloignées de la musique de film (hommage à Roger Corman sur le volume 3, Ray Milland sur le 4, Lucio Fulci sur le 1, Ray Dennis Steckler sur le 9, Dario Argento sur le 12, dont il massacre le souvenir en compagnie du batteur Andrea Centazzo). Ici ou là, Chad s'attaque à des reprises, comme à son habitude, atteignant le paroxysme dans l'horreur en désossant, sur le volume 8, la Macarena. Bref, si on devait définir la série Horror, on serait bien en peine: fatras extrêmement disparate, déroutant, inclassable et hétérogène, c'est sans doute moins une "série" (comme celle des Insect and Western, très cohérente au contraire) qu'un déchaînement de pulsions variées, contradictoires, s'entrechoquant et se dévorant les uns les autres. Le principe même du Gore.
ALG               

vendredi 28 octobre 2011

DOC CHAD, par Chris Cameron

AMBER AND OTHER COMPOSITIONS (With Billy Mc Carroll) - 2011


Ce disque documente un live enregistré en 1977 à la Dandelion Gallery, à Calgary, Canada, ville où Chad avait à l'époque trouvé refuge (fuyant le Vietnam): le docteur croise le fer (de sa guitare acoustique) avec le bassiste Billy Mac Carroll, lequel n'est pas en reste en matière de développements vertigineux. Les compositions en question sont celles que Chadbourne affûtait à l'époque, de Marcella Bienvenue à Amber, donc, ou l'étrange Floyd Dan radio show et ses sonorités lunaires, obtenues par préparation guitaristique (fusion? décoction? lacération?). A noter: une reprise deThelonious Monk (Ruby my dear) et Eric Dolphy (245). L'ensemble, très bien enregistré et restauré, est un généreux duel, sur fond d'improvisation foisonnante.
ALG 

samedi 22 octobre 2011

LOCALYPSO

AKI TAKASE PLAYS "FATS" WALLER - 2004


AKI TAKASE – FATS WALLER PROJECT2004 – Enja
Aki Takase : piano, toypiano, arangement
EC : vocal, banjo, (Bo Diddley Gretsch red) guitar
Rudi Mahall : bassclarinet
Thomas Heberer : trumpet
Nils Wogram : trombone
Paul Lovens : drums

Lookin´ Good, But Feelin´ Bad (Fats Waller) / Vipers Drag (F. Waller) / Ain´t Misbehavin (F. Waller) / Handful Of Keys (F. Waller) / Any Tune, But Fats Tune (Aki Takase) / Your Feet´s Too Big (Ada Benson/Fred Fisher) / Intermezzo 1. (Aki Takase) / Do You Know What It Means To Miss New Orleans (Louis Alter) / Intermezzo 2. (Aki Takase) / Hold Tight (F. Waller) / Kuroneko Yamato (Aki Takase) / Intermezzo 3. (Aki Takase) / I Have Got A Feeling I´m Falling (F. Waller) / Tintenfisch In Wien (Aki Takase) / Kauf Dir Einen Bunten Luftballon (Anton Profes)

Petit bout de femme mais néanmoins grande dame, Aki Takase sait comme nulle autre extraire la sève des grands (m)hêtres pour nourrir son inspiration d'avant garde. La compagne du Herr und Meister Alexander Von Schlippenbach (!) s'est déjà frottée à Ellington, Monk, Dolphy, WC Handy (et plus récemment Ornette Coleman), avant d'inhaler les vapeurs alcooliques de l'énorme Thomas « Fats » Waller. Voilà comme on dit un brillant hommage ou l'on retrouve la verve iconoclaste et débonnaire de Fats et ses combos infernaux, augmentée de poussées free euphorisantes, de ruptures et de subtils chamboulements rythmiques qui semblent couler de source, évoquant fortement les « Changes » de Mingus. L'équilibre y est parfait entre les reprises chantées par Eugene, les joutes de courtoisie et les solos pleins d'éloquences (merveilleux Thomas Heberer !), les passages improvisés succédant naturellement aux parties composées tirées au cordeau. Ce disque - logiquement primé - est fait pour réconcilier les amateurs de (tous) les jazz !
Ceux qui n'ont pas eu la chance de les voir sur scène se rattraperons avec l'excellent documentaire tourné par Stéphane Jourdain et paru en DVD (
http://www.lahuit.com/store/fra/show/66
).
EG


lundi 17 octobre 2011

MY NEW LIFE 16 - 1989/1990


MY NEW LIFE 16solo (1989) + duo à la Music Gallery de Toronto (1990)

EC : electric and acoustic guitars, voice, electric rake
Bob Wiseman : keyboards, accordion

Sperm Sample / Rake V.S Plunger Megadeath / Olli's Playhouse / Nicaragua / White Boots Marching in a Yellow Land / One More Parade / Oral Histories collected by Billy Taylor / Cops of The World / Cocaine for Children / Another Day Gone Lawman Wrong / Feel Like Panama / Ruins of Our Own / 8MHINS90AI / 10 Most Wanted List / Helms Call.

Une cassette à mettre en bonne place dans l'inventaire des axiomes dadasophiques du maître. Etude de l'industrie artisanale illustrée par des attaques d'electric rake affiné au mâchefer, critique de la déraison mais éthique de la protest song débordant sur l'aile gauche, apologie du pied de nez soutenu par la croyance en un modèle participatif d'une audience complice, science de l'anarchie et recherche du sens interdit, sans oublier la nécessité d'une approche anthropologique du cas Mickael Jackson... Devant l'ampleur de la tâche, Chadbourne est aidé par Bob Wiseman, canadien prolifique (producteur, acteur, pianiste improvisateur, chanteur folk pop...), naviguant de l'avant-garde barrée (John Oswald) à la chanson la plus mainstream (Edie Brickell - adoubée par Bill Gates...) et déjà repéré dans les réunions occultes de la Chadbourne Baptist Church. Son orgue vrillé de fuzz démoniaque et son accordéon tonique font merveilles. 
EG

vendredi 14 octobre 2011

I LOST MY ASS IN LAS VEGAS/MUPPET ON THE WAY (1986, rééd 2011)


Ce disque obscur, sorti en 2010, est à porter au crédit de Mike Schafer, compilateur de l'ombre qui s'est fixé comme tâche (herculéenne) de numériser et réhabiliter les cassettes les plus folles du docteur, sans pour autant y laissr sa peau et sa raison. Ici, il exhume deux monuments du genre, I lost my ass in las vegas et Muppet on the way, constitués d'extraits de live, de démos maison, et de diverses curiosités, dont des extraits radio où Chadbourne dialogue avec une grand-mère à qui il déclare: "You've got a wonderful one-track mind." Le son est sale, lofaille, destroy, le réglage entre le son clair et la distorsion de l'ampli est comme toujours approximatif, ce qui fait que le docteur fait encore plus de bruit avec le clair qu'avec son overdrive hypermetalzone. En revanche, quand il se sert du rake, c'est pour déflagrer d'étourdissants nuages radioactifs de poudre sidérurgique en suspension, particulièrement quand il fait, à l'antenne, une démonstration pour épater la grand-mère, qui ne semble pas plus ébouriffée que ça par cette séance de pliage de tôle musicale. Les morceaux "studio" sont les démos du futur Vermin of the blues.
ALG  


mercredi 12 octobre 2011

HORROR PART 13: THE IMPOSSIBLE CONCERT OF DARIO ARGENTO - Avec ANDREA CENTAZZO (2011)


Sur ce dernier volume de la série Horror, Eugene Chadbourne, secondé par le percussionniste Andrea Centazzo, tente un hommage à Dario Argento. Les deux malfaiteurs nous livrent ici une longue plage improvisée où Chadbourne égrène ses chapelets d'arpèges pétaradants, qui confinent à la grappe dionysiaque trempée dans l'acide, tandis que Centazzo, maître en lueurs, développe un arsenal de cymbales végétales froissées, percutées de rayons lunaires, et se transforme à tout bout de champ en gamelan humain, tintinnabulant de toutes ses clochettes avec cette fantaisie de traîneau de Père Noël qui n'appartient qu'à lui. On se promène dans une véritable forêt sonore, foisonnante et enchantée où, on a beau chercher, il n'y a définitivement pas trace de zombies. Au milieu des clairières, passant de l'une à l'autre en fonçant dans les feuillages, Chadbourne et Centazzo jouent au petit Poucet en semant des notes étranges, obtenues illégalement, chaussés de bottes de sept lieues et se refilant tour à tour le rôle de l'ogre.
ALG  

mardi 11 octobre 2011

HORROR PART 9: THE RAVEN HOPPING FIEND (2006)


Sur ce disque maudit, vendu exclusivement avec le coffret Horror, on entend Jimmy Carl Black déclamer The Raven, d'Edgar Allan Poe, en live à la sixième Chadfest, entrecoupé de délires improvisés réjouissants. Le show est un hommage à Ray Dennis Steckler, l'immortel réalisateur de The Incredibly Strange Creatures Who Stopped Living and Became Mixed-Up Zombies, visiblement une des influences majeures des volumes de la série. Un certain H.O.M.O joue de la brosse à dents électrique et passe des disques en lambeaux, dont certains d'assez mauvais goût pour servir de contrepoint funky à l'aridité de l'impro pure et dure, Stefan Verstraten des instruments exotiques, Martin Klapper, comme à sa diabolique habitude, des jouets et de l'électronique cheap, et Dieter Schroeder percusse. Un choeur "satanique" est également crédité. Sur la troisième plage, le mélange "disques bouclés/collés"/banjo/percus/jouets débiles atteint un degré d'incandescence passionnant, le point de fusion idéal pour rire aux éclats tout en tremblant sincèrement dans ses chaussettes.
ALG    

lundi 10 octobre 2011

WITH THE WILD BUD


 

HORROR PART 7: THE POST DAY OF THE DEAD RITUAL (2003)


Le Bardo Thödol revu par le prisme du cerveau polypode de Chadbourne? Fruit de deux concerts (2/3 du disque ont été enregistrés avec Ut Gret, et le reste avec Camper Van Beethoven), ce disque est le témoin d'une "composition" du docteur jamais enregistrée. Post day of the
dead ritual
est moins une composition qu'un jeu de rôles, voire de pistes, entre musiciens dont chacun est chargé d'une mission. Les consignes de Chad permettent de distribuer les cartes, même si certaines restent nébuleuses: "Jouez comme si vous étiez morts." Mais la mort elle-même a ce petit côté nébuleux, n'est-il pas? Bref, ici, on improvise sur le canevas cinglé du maître, et ces efflorescences jazzistiques tournent parfois au jardin oriental, comme sur le capiteux Salut to Vishwa, où la musique se fait soyeuse, sensuelle, et évoque jusqu'aux Spirits de Keith Jarrett. Parfois, des citations des Fables of Faubus de Charlie Mingus ou du Love me two times des Doors viennent gripper le bon déroulé des opérations: là encore une consigne, voire un gage, chaque musicien devant choisir un titre. Agréable et varié, le disque n'a dans l'ensemble rien d'une messe funèbre, choisissant d'explorer plutôt le délicieux côté puzzle de la mort, dont rien ne nous dit qu'il ne s'agit pas précisément d'un jeu.
ALG





mardi 13 septembre 2011

ECs (2011)


Enregistré aux studios Psychad et paru en 2011, en même temps que Bigger Country Boobs, ECs est tout le contraire. Introspectif, parfois monotone mais toujours captivant, et surtout dédié à une forme de contemplation guitaristique que Chad affectionne particulièrement. Utilisant à plein les ressources de l'overdub, le doc empile des cathédrales de sons précaires, parfois aléatoires, fort de la maxime de Wadada Leo Smith: "I can't play and listen at the same time". Et on a parfois l'impression que Chad a enlevé le casque de ses oreilles et qu'il joue au hasard, créant des mondes sonores hautement hallucinés. La liste des instruments jouée est en elle-même stupéfiante: guitare, dobro, banjo, déclinés tous trois sous toutes les formes, charango, gumbus, bajo sexto, baclamel, orgue, caisse claire, piano préparé, triangle, synthétiseur korg, et les mystérieux "duck call" et "personal effects", qui laissent merveilleusement présager du pire. Toute cette quincaillerie, jouée en free total, vient étoffer des chansons lentes, hypnotiques, répétitives et hantées. A rapprocher de Reason et Treason, disques récents, eux aussi bricolés dans le foisonnement du nouveau studio Psychad, et eux aussi d'une étrangeté sans faille. Dernier point: ECs est un disque profondément déjanté, et qui place dans ce domaine la barre très très haut, faisant parfois passer Captain Beefheart période Trout Mask Replica pour un crooner familial.
ALG




mercredi 7 septembre 2011

BIGGER COUNTRY BOOBS - AVEC TATSUYA NAKATANI (2011)

Contacté par le percussionniste Tatsuya Nakatani, qui souhaitait "descendre dans le sud pour enregistrer des reprises de Johnny Cash", le bon docteur prouve qu'il a le sens de l'hospitalité. Enregistré à Greensboro, Caroline du Nord, dans son antre, le déjà mythique Psychad studios, Bigger country boobs est assez différent du Country Boobs plus déjanté et psyché des années passées. Ici, c'est de country et de rock'n'roll dont il s'agit: une pulsation rock parcourt tous les morceaux, et ça sonne, grâce au banjo furieux de Chad, mais aussi à l'excellent travail de Nakatani, qui se révèle un bateur plein d'inventivité, de fraîcheur, capable d'exceller dans le jeu chadbournien du dérapage contrôlé (?) country/impro pure et dure. Des classiques (Driving my life away de Eddie Rabbit, cinq titres de Willie Nelson, du Johnny Cash, le Skip a rope de Henson Gargill, par ailleurs documenté un peu partout dans l'oeuvre du docteur, et un titre de Merle Haggard) plantent le décor champêtre d'un disque bivalve country/folklore martien: le but est d'improviser autour, dedans, derrière, et de déformer les structures, pour arriver dans des bayous plein de lueurs invertébrées. Particulièrement réjouissant ici, les interventions du Evil Club, groupe de choristes dans lequel on retrouve Lizzie Chadbourne, qui transforme le Don't take your guns to town de Johnny Cash et le Boney fingers de Hoyt Axton en irrésistibles comptines diaboliques. Tout le reste est frais, plein d'énergie juvénile! Bref, ça rock à mort.

ALG



mardi 6 septembre 2011

ELECTRIC RAKE CAKE (1995)


Un bouillonnant coffret rempli de choses innommables et merveilleuses... L'aspect DIY de l'objet (photocopie collée sur carton, mais pas à la bonne taille) fait croire un instant qu'il s'agit d'un CDr: pas du tout, dans la boîte, entre un festival de feuillets épars qui constituent les pages d'un livret à l'image de l'âme du docteur, c'est à dire profondément désagrafé, on trouve deux CDs usinés du plus bel effet. De quoi s'agit-il? D'un Best of monstrueux, semé d'inédits improbables (inédits ou pas, les 3/4 des morceaux n'ont de toutes façons été publiés que sous le manteau, dans des packagings défiant les lois de l'éternel, de la pesanteur, et du bon goût - je pense aux cassettes Wombat on the way, Blues, Guitar Freakout...). On y trouve pêle-mêle des accidents guitaristiques exceptionnels, comme cet hallucinant Richmond Dobro Massacre, enregistré sur le chemin du retour des sessions de There'll be no tears tonight, où Eugene sacrifie son dobro avec une violence qui ferait rougir le cannibale de Milwaukee, des déambulations jazzistiques free, mais alors très free, du côté d'Albert Ayler (Ghosts), de Charlie Parker (Ornithology, en duo avec le banjoïste Tony Trischka), de Thelonious Monk (Let's call this, toujours avec Tony Trischka), ou d'Ornette Coleman (Blues Connotation), de la country protest (I'm an outlaw, de David Allan Coe, ou le poignant 10 Most Wanted list, entre autres), deux extraits incongrus de Vermin of the blues, avec Evan Johns, et quelques objets orchestraux non identifiés, comme ce Feel Like Panama enregistré à Toronto avec un quintet martien à base d'accordéon, cette version du Big Muddy de Pete Seeger où Joee Conroy délivre quelques notes vibratoires de sitar, instrument qu'on retrouve sur l'incongru, l'inommable Colyar de Perlas (qualifié de "traditional mexican"), joué par Ashwin Batish, au milieu d'un fatras des plus étranges et des plus fascinants (avec du piano dedans). Pour ponctuer le disque, des solos de Rake qui déflagrent la cervelle. Une anthologie assez fascinante de l'oeuvre du docteur, sans censure aucune, parue en 1995 sur le label Overtone.
ALG