Le quatrième volet de la série concertos continue de creuser la veine ambient initiée par les 3 premiers, mais dans une optique ici résolument orchestrale. Par « orchestre », il faut comprendre couches de divagations instrumentales ajustées ensemble par le truchement de quelque prodigieux adhésif. Le principe est symphonique, et les musiciens jouent indéniablement ensemble, même si chacun d'entre eux semble aussi déterminé à développer sa partition malgré les autres et que le bac à sable, à force de pédaler, se mue en gadoue où ils s'enfoncent, furieux autistes s'accrochant à leur marteau. Ca s'agglutine – car, c'est une des lois de l'univers, tout peut s'agglutiner –, s'amalgame un peu comme du riz gluant, pour former à l'arrivée une grosse boule de pâte orchestrale. Aux joies de la conglutination s'ajoutent celles de la coagulation qui, une fois le résiné dégoulinescent recueilli dans la calebasse et modelé sous forme de boudin, offre un amusant effet de transparence : le son, limpide comme une rivière de colle, nappe avec onctuosité les crépitements banjoïstiques, les effets de tremolo bourdonnant de la basse de Johnny Hamill, les percuteries de Mike Dillon et les grouzibouzis electrocheap de Mark Southerland, et sauce le tout tantôt d'un épais coulis méditatif, tantôt d'une tartine de bruit dur – ce qui revient, convenez-en, rigoureusement au même. Du jazz, inopinément, remonte de ces profondeurs, et c'est l'occasion de bulles récréatives – vite éclatées. Il faut retourner fouiller, glouglouter et excaver du magma de petits diamants, sertis dans ses infinis nombrils. Anecdotes : des collages de cassettes viennent agrémenter l'écoute – interventions de Derek Bailey (je crois), morceaux de live effilochés, et Eugene a un accident de plectre.
ALG
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