Enregistrées dans la foulée de Texas Sessions: volume 2 (un des disques les plus "professionnels" du docteur, son studio et groupe de fines lames country, en même temps qu'un tribute étincelant à Doug Sahm), les sessions d'An afternoon in Austin sont le fruit d'une rencontre entre la joueuse de pedal-steel Susan Alcorn et le docteur countryoïde. C'est dans un salon que les sessions ont été captées. L'ambiance est très fin d'après-midi, très "vous reprendrez bien une tasse de thé?", sauf que le thé est fluorescent. Blague à part, c'est un disque magnifique, très recueilli et sobre. Le docteur y délaisse sa défroque de clown lysergique et chante d'une voix toute en retenue et délicatesse, tout entier au service des chansons. Car c'est bien d'un florilège de chansons country qu'il s'agit ici. Des titres de Merle Haggard, Loretta Lynn, Mickey Newburry, ou de la Carter Family, interprétés avec finesse et une certaine qualité spirituelle (voire nimbés d'une lumière de fin d'après-midi propice à la méditation), à partir desquels les deux musiciens tissent des toiles improvisées miraculeuses. Le If we make it through december de Merle Haggard prend ainsi des proportions quasi filandreuses (la pedal-steel a décidément un petit côté fondue savoyarde phosphorescente) et nous embarque dans une rêverie infinie. Deux titres, Sugene et Albourne, sont exclusivement improvisés. Le sous-titre "Country music for harmolodic souls" illustre le propos: des standards, certes, et des instruments/lieux communs de la country, mais une démarche à la Ornette Coleman. An afternoon in Austin illustre l'art de cultiver l'instant et d'y bâtir une cathédrale de songes éphémères. Heureusement qu'un magnétophone tournait pendant ce temps-là.
ALG
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire