mardi 30 décembre 2008

L'OASIS - Avec René Lussier



L'OASIS Victo Cd 084
Enregistré « Live » à Paris en octobre 1998 et à Victoriaville en mai 2002
Buckdancer's Choice (Trad, arr. EC/RL) / I Wish We Could Do This Live (EC/RL) / Louis Riel (Doug Sahm) / Steel Guitar Rag (Leon McAuliffe) / Scruggs Soufflé ! (EC/RL) / Prélude (EC/RL) / Pan Handle Rag (Leon McAuliffe) / First day of Spring (Eddie Poirier) / Our Satanic Majesty's Request (EC/RL) / Alabama Jubilee (trad./arr. EC/RL) / Les Double Six de Paris Invitent un Grand Oiseau au Jazz Club (EC/RL).
EC : guitare acoustique, banjo et voix RL : guitare acoustique et électrique, podorythmie

Le québécois René Lussier est un membre éminent de la famille des guitaristes virtuoses et inventeurs spécialisés dans la relecture « de travers » des genres musicaux. Bien que leurs routes se soient croisées à plusieurs reprises (notamment au sein d'un quartet avec Thomas Lehn et Martin Tétréault), c'est la première fois qu'ils se produisent en duo. Le disque se partage nettement en deux tendances liées au contexte : musique improvisée sans filet et sans préparation préalable pour le concert intimiste capté au club Les Instants Chavirés de Montreuil (L'Oasis est en fait le nom d'un restaurant de la Ville) et reprises d'airs traditionnels au contraire longuement répétés pour la prestation du Cinéma Laurier à VictoriaVille (Québec) devant un public beaucoup plus large. Par ce choix de l'alternance résultant de la sélection des meilleurs moments de chaque show, L'Oasis préserve toute sa fraîcheur et nourrit l'intérêt de bout en bout. Ainsi le rigoureux tricotage rythmique et harmonique des chansons, s'accordant ce qu'il faut de liberté (First Day of Spring), répond aux trames instantanées des impros, figures spontanées et changeantes laissant libre court aux divagations instrumentales et prises de risques excitantes. Cet équilibre entre titres acrocheurs (Steel Guitar Rag, le tubesque Buckdancer's Choice) et aventures soniques (I Wish We Could Do This Live) contribue grandement à l'attrait de cet îlot luxuriant gorgé de richesses.

Emmanuel Girard

Les morceaux qui composent L'Oasis sont extraits de deux concerts: le premier aux Instants chavirés (Montreuil) en 1998, le second en 2002 au Festival International de Musique Actuelle de Victoriaville. Au programme: improvisation, mais surtout jubilation autour de morceaux traditionnels québécois ou américains. Le résultat est somptueux et d'une grande inventivité. Lussier est un guitariste québécois également marqué par la musique traditionnelle et par Jimi Hendrix, comme Chadbourne en somme... Les deux guitaristes s'en donnent à coeur joie, et jouent (au sens propre) de leur guitare et banjo (parfois préparés, parfois distordus), offrant à l'auditeur un mélange réjouissant d'enthousiasme et de vitalité. Dès le premier titre, Buckdancer's choice, les deux musiciens s'engagent dans un jeu trépidant, presque sautillant, qui se prolonge tout au long du disque, de l'impro pure et dure (Scruggs soufflé!) aux reprises détournées (Louis Riel de Doug Sahm, First day of spring d'Eddie Poirier), des classiques (Steel guitar rag, Pan Handle rag de Leon Mac Auliffe, le guitariste de Bob Wills and his Texas Playboys), aux références occultes (Our satanic majesty's request) et au traditionnel (Buckdancer's choice donc, mais aussi Alabama Jubilee), avant de se terminer par un morceau signé Lussier/Chadbourne au titre mystérieux: les Double Six de Paris invitent un grand oiseau au jazz club. Un chadbourne enfantin et espiègle confronté à un autre lutin farceur de haute volée. Un disque joyeux, vivant, à fermentation haute, et sans nul doute à conseiller aux nouveaux venus dans le labyrinthe infernal du docteur: l'Oasis, comme son nom l'indique, permet de se ressourcer entre deux déambulations. Le docteur fait des expériences avec l'élixir de de jouvence...
Arnaud Le Gouëfflec

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