1982 - Rough Trade 48
Shimmy Disc 5017
Day Tripper (Lennon/McCartney) / Are You Experienced? (Hendrix) / Burma Shave (Miller) / City Of Corruption (EC) / Bluegrass Breakdown (Monroe) / Party House Part 3 In 3D (EC)/ People Are Strange (Morrisson/Krieger) / Psychedelic Basement (EC) / Purple Haze (Hendrix) / 19th Nervous Breakdown (Jagger/Richards) / Tennessee Flat Top Box (Cash) / Oh Yoko (Lennon) / Big Money Broad (EC) / Wrestling Woman (EC) / Outro (Beethoven/EC/Kramer/Licht)
EC : guitars, voice
Mark Kramer : cheap organ, voice, tapes
David Licht : percussion
Shockabilly c'est un peu les Marx Brothers en pleine crise de revival rock psyché, une aventure cocasse et particulièrement nerveuse ou Chadbourne s'impose au premier plan en guitar hero déjanté. Pas de constructions cérébrales alambiquées ou d'introspection délicate mais une surconsommation d'énergie propre au culte de la défonce, sauvé de la bêtise par une ironie faite de distance autocritique et une érudition qui les distingue d'un simple groupe garage punk excité. Comme dans le premier Ep, les titres (courts) s'enchaînent sans répit et semblent déformés à travers le prisme psychédélique et la folie cartoonesque contaminante : guitares acides en feu trempées dans Hendrix, son bourré de reverb, voix caricaturale aux accents multiples, hoquetements débiles (« Burma Shave », « Party House»), violence sourde et riffs inquiétants (« City of Corruption », le tendu « Wrestling Woman »), tempo hyper-speed et ruptures à gogo (« Bluegrass Breakdown », « People are strange », et sa magnifique et inattendue séquence jazzy). « Psychadelic Basement », une des meilleures compositions de Chadbourne, résume le programme avec son air de profession de foi. Si la reprise de « Purple Haze », assez proche de l'original, déçoit quelque peu au regard des versions à venir (ma préférée est celle de Kill Eugene) celle des Stones est une vraie réussite (« 19th Nervous Breakdown » qui d'ailleurs est sorti en single). Notons enfin que « Tennessee Flat Top Box» est strictement calqué sur le schéma de changements rythmiques de la version de Tears (alternance de calme et d'accélération) et qu'« Outro », sorte de pochade autour du Ku Klux Klan sur fond de Beethoven (prémisse des albums concept de protest song) ne figure pas sur les rééditions Cd (Shockabilly Ghost). Earth est un de leurs meilleurs albums, savoureusement vulgaire à l'image de l'esthétique misérabiliste de la pochette inspirée des série Z, et de la prise de son volontairement crade comme un bootleg.
Emmanuel Girard
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