Arnaud Le Gouëfflec
Les insectes sont-ils nos amis ? Question centrale soulevée cette fois dans le cadre entomologiste de ce quatrième volume labellisé Insect and Western ou les frêles créatures (« Beauty ») passent généralement un mauvais quart d'heure (« Bloodsucker !"). Une vie mouvementée mise en scène en concerts et captée entre 1997 et 1999, où Chadbourne s'entoure de nombreux nouveaux collaborateurs. Comme parfois dans la série, le résultat s'avère inégal, illustrant en l'occurrence l'exemple type d'un concept souvent plus intéressant que sa réalisation. Le plaisir est de plus gâché par une qualité d'enregistrement médiocre qui ne met pas en valeur le travail des musiciens. Ajoutons à cela des ambiances flippantes et une thématique (volontairement) peu aimable, qui réclame l'adhésion préalable de l'auditeur, et l'on obtient une musique tendue et exigeante qui ne fait rien pour séduire. L'album offre cependant de la richesse et de la diversité. "Nymphialiadae" esquisse des figures tordues à la Monk, grâce à la basse dégingandée de Brian Ritchie (échappé des Violent Femmes) et le sax véloce d'Ellery Eskelin, gratifiés d'un excellent et très soutenu solo du maître himself. "Danadiae" est un duo inédit entre la guitare hachée de Chadbourne et le jeu de violon typé « musique contemporaine » de la remarquable Carla Kihlstedt (membre du Tin Hat Trio). "Mexican Yellow" bénéficie des additions en studio de l'assistant Vitus Verdegast (alias Doc Chad), histoire de créer la confusion. "Buckeye" débute dans un style très Shockabilly, avec à nouveau l'ajout de couches supplémentaires formant un joyeux bordel. "Clodius Parnassus" et "Long Dash Skipper" sont des pièces écrites décevantes car interprétées sans l'enthousiasme nécessaire. Autre partition avec «Tick Talk Flea Mart », plus dynamique sous l'impulsion d'un combo jazz qui sait varier les mouvements autour du fil conducteur de la guitare. "Lacewing Invasion» et «Reward» présentent un trio au fort potentiel et à la formule originale (banjo, contrebasse et hautbois) qui sonne à merveille. Le trop long et morbide « Paris Swallowtail » juxtapose maladroitement guitare déprimante et vieux airs de chanson française (notamment « la vie en rose » (?). La reprise de «Danadiae» qui mêle en surimpression plusieurs versions issues de différents groupes, n'est pas non plus très gaie. « Hesperidae » est un cour prélude à « Papilonidae », bon thème concis avec des touches de guitare à la Syd Barrett période rose. « Ithomia-Like Metal sMark » vire au massacre sanglant comme promis. Enfin « Mexican Yellow/Tick Talk Flea Mart », sans doute le meilleur moment de l'album, ou on retrouve un climat déjanté à la Chadbourne Baptist church.
Emmanuel Girard
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