Une tuerie au rateau électrique, qui ferait passer Massacre à la tronçonneuse pour un duel au fleuret. Le rateau électrique est l'une des inventions les plus célèbres d'Eugene: un rateau à feuilles mortes doté de micros contacts, parfois accompagné d'un canard en plastique amplifié. Branché dans d'épaisses distorsions, le rateau fait merveille, et dégage des nuages lysergiques particulièrement gorgés, tournant parfois franchement à l'orage. Bref, l'instrument idéal pour faire un maximum de bruit. Sauvé des oubliettes par Mark Schafer, qui transpose avec une patience de bénédictin les vieilles cassettes du docteur en beaux CdRs, le disque est une sorte de commande: David Greenberger a d'abord conçu la pochette, puis il a fallu enregistrer le disque qui allait avec. Avec David Doyle et Gilfred Lee Fray, Eugene a alors déflagré ces bandes malades, pleines d'une distorsion surnaturelle et entrecoupées de bruits de jeux vidéos, de longues discussions, et d'une réinterprétation "par-dessus" The rake's progress d'Igor Stravinsky. A noter: c'est le premier enregistrement de sa fille Molly, 3 ans. La cassette est restée sous le coude, trop sauvage sans doute pour l'époque. Eugene chadbourne pense que l'heure est enfin venue de réveler cette constellation violente et hérissée: "Today's audience seems to love it."
Arnaud Le Gouëfflec
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