vendredi 9 janvier 2009

ANY OTHER SUGGESTIONS?


ANY OTHER SUGGESTIONS ?
Grob .009
House of Chadula 1998A
The Song Is You (J.Kern) / Jukebox Charlie (Aubrey Mayhew/Johnny Paycheck) / Peggy's Blue Skylight (C.Mingus) / Boogie on the Ferry (EC) / The Porthole (EC) / Conrad Escapes from Straight-Jacket (Conrad Kinton) / The Plunger (EC) / I'm Walked Bud (T.Monk) / Rollin' Stone (M. Morganfield) / Documentary (anonymous) / Loser's Coktail (EC) / The Pusher (EC) / Foxhunt / The Rake.
EC : guitars, banjo, vocal, rake, plunger, porthole, harmonica,
Bien que disposant d'archives qu'on imagine colossales, à proportion de sa discographie, Chadbourne réservait plutôt l'édition de son matériel live aux productions sur cassettes. Avant la création de son label autoproduit House of Chadula, rares étaient les albums compilant uniquement des extraits de concerts, tel ce CD-R paru à l'origine en tirage limité (100 ex.) sur le label allemand Grob, alors acteur majeur dans la diffusion des musiques improvisées. Bien que rassemblant sans plus d'indications des enregistrements s'étalant sur une période de 15 ans, l'ensemble reste malgré tout cohérent. La variété du programme est à l'image des multiples approches qui forment l'étendue de sa palette. Intimité avec le jazz, dans une délicate interprétation de standard dont il a le secret, avec sa voix approximative mais touchante dans l'approche de la mélodie, et un phrasé de guitare impeccable, superbement articulé avec des touches beebop virtuoses typiques de son style et immédiatement reconnaissables. Egalement une reprise caricaturale de Mingus ou les traits sont délibérément exagérés, se prolongeant dans un style vocal évoquant les joutes avec Eric Dolphy pendant la tournée européenne de 1964. De même il met intelligemment en perspective certains angles de la musique de Monk, sous les abords approximatifs de I'm Walked Bud. Il ne résiste pas encore au détournement de la Country, prétexte à excentricités guitaristiques et vocales (l'hilarant Loser's Coktail), ou revient à l'impro de ses débuts, période guitar solos, mélangeant acrobaties et frottements bruitistes, sans oublier les démonstrations de boucan industriel, épouvantables et/ou jubilatoires (selon le point de vue) à l'aide de ses fameux instruments fait maison triturés jusqu'au paroxysme hyperfree (The Plunger, The Porhole, une « jolie » pièce de râteau électrique). Il se plait comme souvent à jouer avec le public (Escapes from Straight-Jacket), à mettre un cheveu dans la soupe (l'apparition incongrue d'un extrait de documentaire) et décocher un final époustouflant au banjo. Chadbourne n'imite pas mais digère les styles pour mieux en extraire la moelle expressive, à l'image du blues Rollin' Stone, qui sonne un peu comme une outtake d'Electric Ladyland. The Pusher ferait lui plutôt penser à un Johnny Cash sous acide ! Voilà un très bon album qui présente un échantillon représentatif de ses exploits et constitue à ce titre une introduction pertinente à son travail en solo.


Emmanuel Girard

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