Blotter veut dire buvard. Tout est dit. Eugene Chadbourne décline ici sa veine
Country & Western au LSD, c'est à dire qu'il malaxe, mâche et restitue de vénérables morceaux country qui ont tout fondu, tout gondolé, tout lysergisé, et qui tiennent pourtant encore debout, par quelque curieux phénomène d'agglutination et de déglutination (si j'ose dire). Car, vraiment, les guitares sont démantibulées, la batterie concassée, le banjo éviscéré, et les musiciens (fort nombreux et différents d'un titre à l'autre) ont visiblement abusé de quelque chose au moins une fois dans leur vie (sans parler de LSD, le traditionnel buvard à encre en a peut-être traumatisé plus d'un). Les couplets ont déteint sur les refrains, les solos pétaradent dans la fondue savoyarde, et des êtres anormaux, comme Fidel Casio et Ravi Chadbourne, sont crédités. Les chansons sont essentiellement des reprises, même si Chadbourne nous livre ici ou là une composition de son cru, comme ce
Dog song chantée par des vrais chiens (!), et l'album glisse lentement, mais lysergiquement, du C & W au rock sixties garage (une reprise des Amboy Dukes, une d'Eric Burdon, avec un son "salle de répète" assez velu). On retrouve quelques extraits des célèbres conversations cibistes (donnez une Cibi au docteur Chadbourne, il en fera un disque), qu'Eugene a cru bon d'avoir avec des routiers américains (largement développées sur
You are in bear country), notamment le fameux: "Ronald Reagan is a communist, he's part of the communist conspiracy right now!". Enfin, Eugene Chadbourne peut prétendre au titre envié et inédit de premier musicien au monde à avoir mixé dans une chanson
Your song d'Elton John et le thème de la famille Pierrafeu (
Your song ruby flintstones).
Arnaud Le Gouëfflec
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