jeudi 30 septembre 2010

WHERE IS KONDO? (1978-1980)


Réédition House of Chadula de sessions datant de 1978 à 1980, autour du duo Chadbourne/Toshinori Kondo, déjà responsable de Possibilities of the color plastic. Selon le docteur lui-même: "one of the most insane performances of all time". Chadbourne légitime la sortie de ce double CDr par l'absence de réponse de Kondo, qu'il cherchait à joindre pour envisage une réédition de Possibilities. L'inquiétude (Est-il mort? A -t-il disparu?) ou le dépit ont peut-être donné le titre de ce disque, excavation de sessions dont Chadbourne avoue qu'elles lui ont longtemps fait peur, et qu'il ne les écoute qu'avec parcimonie. Sur ces bandes, donc, s'affrontent deux dangereux terroristes soniques, parfois rejoints par d'autres fous furieux. C'est d'impro pure et dure dont il est question: Chadbourne, au dobro, à la guitare électrique et Kondo à la trompette, à l'euphonium, délaissent parfois leur instrument pour manipuler des percussions bizarres, des machins électroniques, pour renverser une armoire d'argenterie (comme dans Gaston Lagaffe, avec une boule de bowling en guise de cerise sur le gâteau), ou tout simplement pour causer à tort et à travers: le docteur est parfois intarissable, mais il a de la bouillie dans la bouche. On comprend vite que le but du jeu est de jouer la surprise, de créer une musique drôle, imprévisible, parfois agressive et bruitiste (les notes de pochette précisent que les morceaux sont extraits de leur premier concert à Greensboro, si l'on ne tient pas compte du précédent, dont ils ont été virés). On entend donc des guitares anormales, des sons mal identifiés, et des trompettes profondément perturbées. Dès qu'on s'habitue, Kondo nous déflagre des morceaux de fanfare, joue du cor au fond des bois, siflle des morceaux d'hymne, pour prendre l'auditeur à rebrousse-poil. Pendant ce temps, Chadbourne fait des choses à sa guitare, ou la désosse à la fourche (sur ce Hank Williams medley, par exemple, où l'on n'entend rien, absolument rien, qui puisse être raccroché à Hank Williams). La présence de David Licht, ou plus loin de Steve Beresford venu jouer piano et batterie pour enfants, n'arrange rien: les morceaux errent dans l'espace du studio, ponctués des rires de l'assistance. Pendant deux heures, les deux olibirus rangent et dérangent leur chambre, ne savent plus où donner de la tête, et deviennent fous.
Arnaud Le Gouëfflec


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