1979 - Bellows Records 002
More than just the music (Live at the Laurel Theater, Knoxville, Tennessee)
How to kill the mind (Live at the Last Hurrah, Washington, D.C.)
EC : electric guitar, dobro, vocals.
TK : trumpet, alto horn, mutes, percussion.
Un disque de musique improvisée enregistré en duo avec le trompettiste japonais Toshinori Kondo, une des figures majeurs de l'impro au Japon. Le docteur joue de la guitare électrique et du dobro, et Kondo de la trompette, de la trompette bouchée et du cor alto, mais je les soupçonne de jouer aussi avec des trucs en plastique et des ballons gonflables. Le disque comprend deux titres d'une vingtaine de minutes chacun: More than just the music, et How to kill the mind, respectivement enregistrés au Laurel Theater, à Knoxville, Tennessee et au Last Hurrah, Washington D.C, en Juillet 1979. Une chronique parue dans le Melody maker cette année-là relate un concert des deux musiciens au "Berlin’s annual Total Music Meeting": "There is a flow between them which is sometimes competitive and provocative, sometimes supportive and complementary. They keep up a high level of tension, even during the process of selection of instruments. These changes are sometimes transparently obvious, sometimes confusing and irritating." Et le journaliste d'ajouter que le public (environ 800 personnes) se sont moqués d'eux. C'est qu'il y a de l'humour dans ce duel, et les interventions vocales de Chadbourne n'y sont pas pour rien. Le disque est un réjouissant feu d'artifice de sons improbables (comment peut-on faire des bruits comme ça avec si peu d'instruments?), tiré d'un bac à sable martien.
Récemment, House of Chadulah a publié un CDR (pochette artisanale), intitulé Where is Kondo? Eugene Chadbourne en a eu l'idée après avoir vainement tenté de retrouver la trace de Toshinori Kondo (il souhaitait lui proposer de ressortir Possibilities of the color plastic) et y a compilé des sessions datant de 1978/1980 qui, selon lui, constituent "l'une des performances les plus cinglées de tous les temps". Il ajoute avoir longtemps été terrorisé par ces bandes et n'avoir pu les écouter que par petits bouts. Désormais, la boîte de Pandore est ouverte au public.
Arnaud Le Gouëfflec
Chadbourne retrouve le trompettiste japonais pour une série de concerts en toute liberté. Loin de s'assagir après la déferlante English Channel, nos joyeux drilles se payent une bonne tranche de rigolade en foutant le bordel, mais sans pour autant faire acte d'agressivité. Ici l'improvisation ludique poussée à l'extrême est la fuite en avant de deux musiciens décomplexés qui pour l'heure laissent de côté leur part d'ombre et retrouvent l'exaltation enfantine de l'invention spontanée, dans un esprit qui n'est pas sans rappeler les frasques du duo Steve Beresford / Han Bennink. Bien sur ça part dans tous les sens et on pourra trouver que la formule a ses limites malgré la vitalité d'inspiration. Pourtant ils réussissent sans filet et avec brio leur numéro de clown auguste, sans crainte du ridicule, ce qui les rend d'autant plus sympathiques. On devine que le spectacle est aussi visuel (More than just the music) dans ce bric à brac fantaisiste ou les possibilités rythmiques et percussives des instruments sont mises en avant au même titre que le travail sur les sonorités. Afin de reposer (?) l'auditeur, ils nous gratifient quand même de quelques dialogues guitare / trompette plus orthodoxes. Au final une jolie rondelle de plastique noir pour un album haut en couleurs.
Emmanuel Girard
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