mercredi 23 septembre 2009

THERE WILL BE NO TEARS TONIGHT - With JOHN ZORN (1987)

THERE’LL BE NO TEARS TONIGHT

Parachute P-013
Fundamental Save 6 Lp
Fundamental Save 6 Cd
House of Chadula #1980A

Honey Don’t (Carl Perkins) / Dang Me (Roger Miller) / The Last Word in Lonesome is Me (R. Miller) / Johnny Paycheck medley : a. I’m the Only Hell My Mama Ever Raised (Bobby Braddock) b. Take this Job and Shove it (David Allan Coe) c. Motel Time Again d. Georgia in a Jug (Bobby Braddock) / Swingin’ Doors (Merle Haggard) / There’ll Be No Tears Tonight (Rex Griffin) / Set Up Two Glasses, Joe (Ferlin Husky) / Window Shopping (Marcel Joseph) / Mr Record Man (Willie Nelson) / Jealous Loving Heart (Ernest and Talmadge Tubb) / The Richmond Dobro Massacre* / Pallisades Parks* / Hello Darlin’*

Où comment les choses ne seront plus jamais pareilles après cette nouvelle expérience inouïe de melting-pot culturel, élargissant l’univers fantasque de l’artiste en même temps que son public...
Réussissant en effet l’exploit d’intéresser autant les fans indécrottables de country que les amateurs exigeants de musiques innovatrices, Chadbourne réconcilie des genres a priori opposés en opérant le mariage improbable entre tradition et avant-gardisme. Loin des fades compromissions de la world music, il capte l’essentiel de chaque style sans en perdre la vitalité première et tout en jouant des clichés et des tics de langage propres à chacun. Pas de trahison donc ni de réelle moquerie mais un esprit volontiers parodique qui cache mal son attachement et sa tendresse pour ces artistes populaires qui l’ont influencé et à qui il rend finalement un hommage amusé. Dans cet album de reprises, la Country & Western se réveille à une nouvelle vie, dynamitée par un enthousiasme débordant et une volonté de créer de nouvelles perspectives à partir d'un répertoire réputé éculé ou souvent ringard. Derek Bailey au pays d'Hank Williams !
Que se soit en solo ou en groupe, pour la moitié des titres, chacun déploie un swing irrésistible (en particulier le violoncelle de Tom Cora dans le rôle de la basse, ou encore les phrasés hard bop de Zorn) dans des titres comme Honey don’t, Window shopping ou Swingin Doors, qui commence par un jazz endiablé et tourne à un délire improvisé tordant et cartoonesque (cf. aussi fin de The Last Word in Lonesome is me) pour finir en version reconnaissable de la chanson mais dans un étrange climat psychédélique. Eugene profite de sa virtuosité incroyable pour transcender des morceaux qui n'en demandaient pas tant (I'm the Only Hell My Mama Ever Raised) ou la normalité tranquille ne dure jamais (Dang Me, début puis fin de Mr. Record Man).
On connaissait le guitariste indiscipliné, on découvre maintenant le chanteur potache qui sait tirer profit des limites et des faiblesses de sa voix, compensées par une assurance, un aplomb et un humour qui font oublier sa justesse (très) approximative. Il aime notamment caricaturer les accents et des intonations typiques des chanteurs country.
Loin d’être une parenthèse dans son travail d’improvisateur, Tears amorce un tournant essentiel (suivra bientôt l'aventure The Chadbournes et Shockabilly) et reste un de ses albums les plus accessibles et les plus connus. La réédition House of Chadula est totalement indispensable par la présence de The Richmond Dobro Massacre (figurant également dans le coffret Electic Rake Cake), reconnu par Eugene comme une de ses meilleures improvisations et qui doit absolument être entendue car il y est effectivement au sommet de son art !

EG

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