vendredi 22 octobre 2010

MY NEW LIFE VOL 20 (1989)


EC : guitars, voice, harmonica, rake

Une heure en compagnie de la bête de scène et son one man show phénoménal, en piste sur une des innombrables cassettes distribuées à quelques exemplaires, comme des bouteilles jetées à la mer. Le concert a lieu à Berkeley un soir de Saint Valentin, occasion rêvée pour offrir d'abord un bouquet de chansons... politiques (!) coulantes comme du camembert électrique d'appellation non contrôlée, ou prises de fièvre chronique pour cause de réactions psychotiques. A côté d'une poussée romantique d'electric rake sur fond de souffle à trancher à la hache, Chadbourne livre tout de même quelques chansons d'amour cramées, bouffonnes et émouvantes (« I Fall into Pieces », « Stardust », magnifiques). La marque de l'élégance.
EG

jeudi 21 octobre 2010

TWO CUTS FROM EUGENE CHADBOURNE (1992)


Eugene Chadbourne, accompagné de la Chadbourne Baptist Church, livre sur ce 45 tours à thème deux morceaux sur la mutilation. Prétendument captés au Methodist church supper, mais enregistrés en réalité à la Knitting Factory, il s'agit de témoignages de première qualité sur les activités inavouables de la secte Chadbourniste au début des années 90: David Doyle, notamment, à la mandoline, fait merveille, ainsi que Murray Reams à la batterie, ou Roberto Jimenis à la basse. La présence de Chris Turner, harmoniciste, est également suspectée.
ALG




PARTITIONS

mardi 12 octobre 2010

DINOCHICKEN (?)


La monstrueuse cassette... Violemment sidérurgique, bourrée de rake rouillé hypersaturé, de bandes modifiées, accélérées, de sciure de doigts ruinés à force de pincer de la tringle, de la pale, et de bourriner du serre-joint. On y entend aussi des chansons, genre The last word in lonesome is me, ou Psychotic reaction, entre des passages de plunger en rase-mottes, lâchant des arpèges meutriers: distorsion droit sortie du tube, collée contre le micro, sans compression, sans filet, sans rien. Plein les oreilles et plein le cerveau. Les titres, qui ne correspondent pas à ce qui est joué sur les bandes (Wild angels theme est remplacé par un Purple Haze hyper lo-fi joué avec une guitare exsangue), sont crédités aux Chadbournes, au John Coltrane quartet, au Return of the dino chicken band, au nébuleux Hank Gonzales orchestra et, lorsqu'ils sont trop lourds à porter, lestés d'un anonyme qui fleure bon la dissolution des contours de la personnalité dans les nappes de napalm vomies par la bouche d'ombre du Rake. Le titre The rake has feelings doit donc, bien entendu, être pris au second degré.

ALG




lundi 11 octobre 2010

dimanche 10 octobre 2010

TO DOUG (2000)

45 tour publié par le label Rectangle, aussi responsable de The Aquaduct, To Doug est un hommage à Doug Sahm, à rapprocher des Texas sessions chapter two, déjà dédiées au musicien country décédé en 1999, et plus précisément des chapter one, sur lesquelles on retrouvait déjà ces deux chansons. On retrouve donc la même équipe de joyeux drilles, la vénéneuse et fluorescente joueuse de pedal steel Susan Alcorn, David Dove au trombone, et Walter Daniels à l'harmonica, pour des chansons hommages respectueuses du modèle, mais qui dérapent tout de même totalement en sucette sur la fin.
ALG

samedi 9 octobre 2010

ULTRA SONIC ZONE OF FEAR



ULTRA SONIC ZONE OF FEAR

EC : guitars, banjo, rake, vocals
Jon Rose : violins, keyboards
Chris Cutler : drums, electronics

Le titre sonne comme celui d'un roman de science fiction post-apocalyptique, ou d'un épisode de la Twilight Zone sur fond d'expériences militaires en période de guerre froide. Au cœur des événements se battent un juif déserteur devenu docteur occulte adepte du banjo communiste et fanatique de Boris Karloff et Bugs Bunny, un Faust australien pervers et mythomane manipulant cordes et concepts comme on cultive des bactéries mutantes, et enfin un gauchiste anglais rockeur activiste en opposition et théoricien des musiques actuelles. L'infernal trio bouge comme un troupeau de zombies jouant un folklore de cartoon dégénéré, ou John Lennon se torche comme un Polonais («Imagine... there's no toilets »), Donovan vire paranoïaque (vision post-nucléaire de « Catch the Wind » ) et Dylan complètement à la masse (« Knock on the door » pied dans la tombe). John Cage jamme avec Johnny Cash sur des airs Monky Tonk pendant que Philip Glass trinque avec Charlie Parker. Tout un imbroglio d'histoires sans queue ni tête citant « Jingle Bells », « The Godfather », « Body and Soul », et on ne sait quoi d'autre, suivant un sens aigu du drôle de drame qui bat la breloque.
Emmanuel Girard




mercredi 6 octobre 2010

LIVE AT MIXTAPES - 2010


Live capté lors de la tournée solo 2008 du docteur, publié par le label NITCO (Nail in the coffin), ce CDr servi dans un paquet de café présente un florilège de compositions de Chadbourne: The sky got flatter, l'entêtant Election song et son inventaire protest/surréaliste, l'excellent People will vote ou The old Piano, ou même People with too much, chanson géniale, toutes déflagrées avec moults arpèges non-euclidiens, et chantées d'une voix délicieusement fausse, mais avec autant de coeur qu'un vieux chanteur des Appalaches. Mention spéciale à When you dream about bleeding, sorte de rêve lysergique matelassé de trémolos électriques, gros trip menaçant et hanté, qui se transforme vite en City of corruption, classique chadbournien, expédié ici à grand renforts de solos tortueux joués à la vitesse du bobsleigh (ou blob sleigh peut-être). Le docteur alterne guitare, banjo, tresse des barbelés électriques (le son clair est sytématiquement réglé trop fort par rapport au canal distorsion, ce qui fait qu'à chaque fois que Chad appuie sur la pédale, l'effet est complètement raté, mais c'est visiblement le cadet des soucis du docteur, qui n'est pas là pour jouer Smells like teen spirit), et achève le show par un massacre général au rake, dans un déploiement de forces particulièrement violent. A noter également: quelques tendres reprises, du Whisin' all these old things were new de Merle Haggard au Stardust de Hoagy Carmichael, en passant par Walk away de James Gang. Un disque d'artisan au sommet de son art, entre simplicité apparente et complexité infinie.
Arnaud Le Gouëfflec