lundi 15 février 2010

AYLER UNDEAD (2001)

Grob 321 - 2001

Omega Is The Alpha (Ayler) / La Marseillaise (Rouget de Lisle) / Infinite Spirit (Ayler) /Witches and Devils (Ayler) / Light In The Darkness (Ayler) / Prophecy (Ayler) / Ghosts (Ayler).

EC : acoustic and ekectric guitars, 5-string banjo
Joe Williamson : double bass
Uli Jenneßen : drums

Existence éphémère de ce groupe rassemblé exceptionnellement pour une des manifestations organisées en hommage à Albert Ayler, à l'aube du trentième anniversaire de sa mort, lors de l'édition 2000 du Music Triennial de Cologne, partageant l'affiche ce soir là avec le quartet Die Like a Dog de Peter Brötzmann.
Ayler est une des influences majeures de Chadbourne dont les reprises jalonnent la discographie. Parue il y a quelques années, la cassette « Ayler I mean You » compilait déjà différents groupes (Horror Part One Band, Brian Ritchie et Carrie Shull, Malachy Papers) autour du répertoire du grand Albert. Cette fois la formule se concentre sur le seul trio auquel s'ajoutent deux morceaux solo (non des moindres : « La Marseillaise » et « Ghost ») enregistrés à son home studio de Greensboro.
On ne « reprend » pas Ayler : on est traversé par la force de son souffle pour canaliser son énergie brute hyper expressive, toute entière tendue vers une harmonie quasi primitive, débarrassée du souci de virtuosité et affranchi de la volonté de plaire. Une attitude irréductible qui dérange et place la barre très haut ! Un challenge relevé par les trois solistes qui à partir des simples lignes thématiques entremêlent librement leur voix appelant au bousculement anarchique des sens, mais réclamant une disponibilité totale à se laisser emporter dans les mouvements troubles et fébriles d'une musique rugueuse et parfois emprunte de gravité (« Prophecy », qui évoque les pièces Insect and Western).
Le paroxysme est atteint dans les morceaux joués par Eugene en solo : une Marseillaise d'anthologie à faire passer Gainsbourg pour Michel Sardou, incandescente et ravagée (clin d'œil au « Star Splanged Banner » d'Hendrix) au crescendo irrépressible ! Enfin l'incontournable «Ghost» convoque les esprits farceurs, dans une longue version à la guitare slide, aux traits insaisissables marqués d'accents blues, évoquant l'architecture déconstructiviste des premiers guitar solos.
Une aventure réservée aux amateurs de free jazz sans concessions !
EG


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