mercredi 12 novembre 2008

THE JACK AND JIM SHOW - LOCKED IN A DUTCH COFFEE SHOP

LOCKED IN A DUTCH COFFEESHOP (The Jack & Jim Show)
1993 - Fundamental - Hymn 2
House of Chadula #1993A

EC : guitar, banjo, vocal/JCB : drums, voice/+Don Preston : keyboards and voice/Ashwin Batish : sitar/Chris Turner : harmonica/Brian Ritchie : wood flute/Tony Thrischka : banjo/Murray Reams : percussion

Dropped Another Needle (EC) / Big Boss Man (Reed) / B.Y.O.B Klub (EC) / Captain Beefheart Medley : Neon Meate Dream of an Octafish - Sheriff of Hong Kong - The Blimp / The Umbrella (EC/JCK) / Expense Account Meeting (EC) / Call to Opal (EC/JCB) / Que Paso ? (Meyers) / Dawn of the Living Dread (EC/Black Uhuru) / Colorado Kool-Aid (Paycheck) / Fresh Garbage (Fergusson/California) / Le Hippie Dog (EC) / Ethnic Cleansing (EC) / CryBaby Umbrella (EC/JCB).

Ce qui aurait pu apparaître comme une récréation passagère et gentiment régressive marque en fait le début d'une longue collaboration et d'une importante production discographique, pour ce qui constitue un des projets les plus marquants de Chadbourne. Dans le rôle du batteur (faussement) stupide : « l'indien du groupe » Jimmy Carl Black, tendance Hippie Dog, surtout connu en tant que membre des Mothers of Invention de la grande époque, croise logiquement la route du guitar-hero surréaliste, grand admirateur de Zappa et Captain Beefheart. Le duo use de la traditionnelle formule banjo/guitare-batterie, redécouvrant la magie du binaire qui vous prend aux tripes et porte en apesanteur. Tempos métronomiques haletants, changements rythmiques inattendus, folles parties de guitare vertigineuses et diaboliques de précisions (solo de Byob Club), tension toujours maintenue : beaucoup de morceaux imparables (Dropped Another Needle, Fresh Garbage) d'une musique terriblement excitante. Le jeu basique mais redoutablement efficace de Jimmy Carl Black forme un tremplin idéal aux envolées de Chadbourne, qui réunit mieux que jamais énergie du jeu et intelligence de l'inspiration. Derrière la bonne humeur s'affiche toujours une conscience politique et sociale, qui reste une de ses marques distinctives. Ainsi le bouleversant Ethnic Cleansing (sommet du disque) démarrant par un chant indien qui fait suite à un magnifique et troublant enchaînement avec Hippie Dog. A noter la présence d'une longue pièce jouée en groupe et complètement décalée dans le contexte (NeonMeate Dream of an Octafish) mais qui finalement apporte une respiration bienvenue dans l'ensemble. Locked est plus qu'une collection de morceaux live assemblés à la va-vite, mais un véritable album construit, avec des enchaînements réfléchis (cf. changement de version dans Night of The Living Dread), peut-être le meilleur titre de la série des Jack & Jim Show (avec Uncle Jimmy's Master Plan) en tout cas un des plus accrocheurs. Rendez-vous dans ce Coffeeshop, une bonne adresse qui vend de la marchandise de qualité...
Emmanuel Girard

La grande question est: que font ces deux individus dans ce coffee shop hollandais, et qui les y a enfermés? On sent qu'il s'agit d'une affaire de la plus haute importance. Le Jack and Jim Show, dont c'est ici la première apparition discographique, se présente volontiers comme un duo primitif batterie/guitare, ou batterie/banjo, déclinant des chansons tantôt originales, tantôt puisées dans le catalogue hérissé de Captain Beefheart (que Jimmy Carl Black accompagna à une époque) et Zappa (dont il fut la batteur, avant que Zappa ne tourne la page des premiers mothers, juste après Uncle meat). Le tout est solidement charpenté de blagues, de mots d'esprit, de déclarations énigmatiques, et dérape parfois dans le collage surréalisme, comme sur certaines pièces de Pachuco cadaver, le disque suivant, ou dans le happening hilarant, comme ici dans Call to opal, où Chadbourne et Jimmy Carl papotent sur scène au téléphone. Locked in a dutch coffee shop alterne donc protest songs chadbourniennes (Dropped another needle) dévidées sur le tempo indéboulonnable de Jimmy Carl Black, du blues (reprise de Big boss man, chanté par the indian of the group de sa voix de caverne), et des choses nettement plus indéfinissables, comme ce Captain Beefheart medley, qui commence par un envoûtant dialogue Sitar/piano (NeonMate dream of an octafish). Sur Byob klub, Chadbourne déflagre un de ces solos barbelés dont il a le secret. Et sur Kep Pa so, la bonne humeur et la joie communicative des deux complices devient simplement irrésistible.
Arnaud Le Gouëfflec

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