dimanche 4 octobre 2009

TERROR HAS SOME STRANGE KINFOLKS (W Evan Johns - 1993)

Deuxième collaboration avec Evan Johns après Vermin of the blues, Terror has some strange kinfolk est aussi carré que son prédécesseur: du rock solide, charpenté par le groupe de Johns, The H Bombs, avec quelques dérapages soigneusement calibrés. Signé sur Alternative tentacles, on retrouve peut-être là l'influence de Jello Biafra, amateur de punk bien en place, parfois trop (Jello est un redneck qui s'ignore), mais Eugene fait tout de même un somptueux solo de Rake sur Achey Rakey heart, déversant son innommable sauce free sur tout ce rockabilly (à noter, d'ailleurs, beaucoup de bruit à la fin du morceau, dont des sifflets, des cuivres?, et un tas de choses qui flûtent dans le désordre). Dans l'ensemble, cependant, le disque reste bien sage: des chansons, par ailleurs très agréables, jouées par un groupe qui aime les angles droits, dans une joyeuse ambiance white trashbilly traversée de traînées de pedal-steel. Les morceaux sont alternativement chantés par Chadbourne, dans le rôle de l'inquiétant jardinier nasillard, et par Johns, dans celui du gros ours bourru whiskifié jusqu'à l'os. Gros son, album de très bonne facture, de quoi réjouir tout amateur du catalogue d'Alternative tentacles. A rapprocher plus de Prairie Home Invasion, le disque cowpunk de Biafra et Mojo Nixon, que de LSD C&W, ou de la fondue texane savoyarde de Country boobs. Heureusement, un bon lâcher de ballon frotti-frotta à la fin de Sail my ship alone, un pétage de plomb (de prostate?) banjoïsé sur I gotta pee, l'excellent Georges Bush's bones jig, réjouissante gigue acoustique et politique, le merveilleux et stupide Desert storm chewing-gum, chanté par un Chadbourne miniature particulièrement débile, un accident de travail psychédélique en plein milieu de Let'em drink while they're young, quelques gros insectes échappés des cordes du docteur, qui vrombissent parfois là où il ne faudait pas, une interlude qui n'aurait normalement pas dû être là (Missing engineer), et un Killbillies qui termine en eau de chaussette. C'est finalement sur les morceaux acoustiques, lorsqu'ils marient humblement leurs instruments et tricotent ensemble comme des joyeux artisans, que Johns et Chadbourne semblent le plus à l'aise, comme sur Got the blues and can't be satisfied, ou Living ou the country.
ALG



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